« T’es un monstre fréro ! ». Presnel Kimpembe puis Hugo Lloris ne se sont pas trompés au moment de glisser un petit mot à Karim Benzema sur la pelouse de San Siro ce dimanche 10 octobre. À Milan, la France vient de remporter la Ligue des nations aux dépens de l’Espagne et les Bleus savent ce que cette victoire doit au talent du Madrilène. Plus tôt, alors que les Champions du monde sont menés depuis quelques secondes, « KB19 » va prendre tout le monde par la main et sortir le groupe de Didier Deschamps d’un bien mauvais pas. D’une frappe magistrale, il place le ballon dans la lucarne d’Unai Símon avant de haranguer ses coéquipiers et le public. Et surtout de placer les Bleus sur la voie du succès. 

Benzema, "impact-player"

Voici ce qu’est devenu Karim Benzema. Un leader, un vrai. Au Final Four de la Ligue des nations comme à l’Euro quatre mois plus tôt, le Gone a affiché à quel point il était un homme et un joueur nouveau après six ans loin du maillot au coq. Marquer des buts ne suffit plus à Karim Benzema. Il l’a toujours fait, est entré dans l’histoire de l’OL, du Real Madrid et de la Ligue des champions et continuera à faire ce qu’il sait faire de mieux. Mais, désormais, « Nueve » veut marquer pour gagner.

Ses performances en bleu depuis son retour sont irréelles. Elles vont bien au-delà des attentes. Deux doublés contre le Portugal et la Suisse à l’Euro, deux buts en deux matchs de Ligue des nations et, à chaque fois, un point commun. Dos au mur, menés par leur adversaire, les Bleus ont réagi et montré une force de caractère dont leur avant-centre aux 92 sélections ne peut être étranger. Face à la Belgique, encerclé par quatre Diables Rouges, le Madrilène se démène pour remettre l’équipe dans le match. Contre l’Espagne, son nettoyage de lucarne restera comme l’un - si ce n’est le - plus beau but qu’il aura inscrit en sélection.

Benzema porte le Real à bout de bras

Au moment d’arriver en Italie, Benzema n’a jamais caché son ambition. Il est venu pour gagner et il n’a jamais montré autre chose sur le terrain. Dans la continuité de chiffres stratosphériques au Real Madrid où le Français est devenu capitaine d’un groupe dont il est désormais l’un des seuls leaders. Si le Ballon d’Or France Football doit récompenser le joueur au plus grand impact sur son équipe, alors « KB » part grandissime favori. En Espagne, il est celui qui porte à bout de bras un collectif brinquebalant. Et qui fait également oublier l’absence d’un autre cador en attaque.

Eden Hazard trop souvent sur le flanc, Gareth Bale occupé à soigner son putt sur les terrains de golf, Benzema se démène, presque seul, et a déjà inscrit 9 buts et délivré 8 passes décisives dans un championnat de Liga duquel il est devenu la tête d’affiche. Et ce, après avoir déjà scoré 30 fois lors de l’exercice précédent.

Benzema, l'incarnation du jeu

Cette saison encore, la concurrence est belle et mérite d’être saluée. Lionel Messi, Robert Lewandowski et Jorginho, tous ont de solides arguments à avancer. Mais, aucun n’a eu l'influence de Benzema sur ses équipes et ses coéquipiers. Il est objectivement plus aisé de briller au sein d’un Bayern Munich collectivement au point, archidominateur dans son championnat, et dans lequel le Polonais est aussi entouré de sérieux clients entre lesquels Marco Asensio, Vinicius Junior ou Rodrygo peineraient à se faire une place.

Il en va de même pour l’Italie, machine collective s’il en est, et qui doit autant à Jorginho qu’à Gianluigi Donnarumma, Giorgio Chiellini, Marco Verratti ou Federico Chiesa son trône sur le toit de l’Europe. L’Argentine de son côté, construite autour de la magie de « La Pulga », a triomphé dans une Copa America au niveau toujours sujette à débats alors que le néo-Parisien a quitté la scène continentale dès les huitièmes de finale avec le Barça.

Mais alors, que doit récompenser le Ballon d’Or ? Le meilleur buteur ? Benzema serait donc battu. Le joueur le plus spectaculaire ? Messi partirait avec les faveurs des pronostics. Le joueur qui a soulevé le plus de trophées ? L’armoire à titres de Jorginho plaiderait dans ce cas en sa faveur. Mais, brillant au moment où les votes des journalistes s’ouvrent, « KB » est indéniablement bien placé sur la ligne de départ d’une récompense tant décriée. S'il salue paradoxalement la performance individuelle dans un sport collectif, le Ballon d’Or sortirait grandi de s’offrir à celui qui personnifie le mieux le jeu.