Sa performance face au PSG a laissé les supporters lyonnais pantois. Si l'OL a finalement concédé la défaite face au club de la capitale (1-2), dimanche 19 septembre en Ligue 1, Lucas Paquetá a réalisé une masterclass au point d'éclipser complètement Messi, Neymar, Mbappé et compagnie. Son but a couronné une prestation monumentale qui lui a valu le titre d'homme du match. Et pour les fans de l'OL, ce n'est presque pas une surprise tant le milieu offensif brésilien s'est imposé comme l'homme fort de leur équipe depuis son arrivée à l'été 2020 en provenance de l'AC Milan.
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L'OL, évidemment, se frotte les mains de disposer d'un tel talisman. L'AC Milan, lui, peut s'en vouloir d'avoir laissé filer ce prodige brésilien, acheté 35 millions d'euros à Flamengo en janvier 2019 et comparé à Kaká. Alors que s'est-il passé pour que les Rossoneri le cèdent sans regret un an et demi plus tard pour "seulement" 20 millions d'euros ? Et surtout, pourquoi personne d'autre à part l'OL n'a-t-il sauté sur l'occasion ?
Paquetá, la difficile adaptation au 4-3-3 milanais
C'est un certain Leonardo, l'actuel directeur sportif du PSG, qui fait des pieds et des mains pour convaincre Milan d'acheter Paquetá en 2019. Et dès son arrivée en Lombardie, le jeune milieu brésilien s'installe comme titulaire. Il bénéfice de la confiance de son entraîneur de l'époque, la légende Gennaro Gattuso.
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Mais très vite, le natif de Rio de Janeiro finit par disparaître des onze de départ. Il faut dire que Paquetá est aligné à un poste de milieu relayeur qui lui laisse moins de libertés, surtout en Italie. Ce poste pourrait lui convenir à merveille dans d'autres championnats, mais il est beaucoup plus exigeant tactiquement en Serie A. Or, c'est un domaine dans lequel Paquetá n'est pas encore au point. Il laisse trop d'espaces, ne sait pas forcément où se placer, se projette trop...
"Il est un peu trop brésilien dans son jeu"
A cette époque, déjà, Leonardo milite pour que son poulain évolue un cran plus haut, comme le rappelle Eurosport. Cela permettrait à Paquetá de laisser libre cours à sa créativité. Car à son poste de milieu relayeur à Milan, le talentueux Brésilien joue avec le frein à main. La moindre perte de balle expose son équipe à des conséquences préjudiciables, ce qui est beaucoup moins le cas en tant que n°10. "Il est un peu trop brésilien dans son jeu", lâchera ainsi son nouvel entraîneur milanais Marco Giampaolo, en lui reprochant de ne pas être assez "concret."
Paquetá est donc bridé, et brider cet artiste est la meilleure façon de le pervertir, comme le souligne son ancien entraîneur de Flamengo Mauricio Barbieri, cité par 20Minutes. "Lucas voulait alors avoir beaucoup de liberté de mouvement et être partout sur le terrain. (...) Il veut avant tout s’amuser en jouant. C’est un joueur fantaisiste, qui aime les dribbles. Parfois à Flamengo, il cherchait davantage à tenter des tricks, des petits ponts sur son adversaire, qu’à marquer."
Départ de Leonardo et Gattuso, étiquette trop lourde à porter...
D'autre part, le contexte à l'AC Milan le tire vers le bas. En reconstruction, le club est en crise d'identité et ne fait plus partie des "grands" du pays. L'instabilité est de mise, comme l'illustrent les trois entraîneurs que Paquetá connaîtra en un an et demi. Et la situation s'aggrave avec le départ combiné du mentor Leonardo et du protecteur Gattuso à l'été 2019. "Leonardo m'a beaucoup aidé, accompagné. Pendant une demi-saison avec lui, ça s'est bien passé pour moi. On peut dire qu'il était mon mentor, oui. Quand il est parti, je me suis senti un peu seul, pas encore parfaitement adapté à la culture, au club" , reconnaîtra Paquetá, qui vivait aussi sa première expérience en Europe, avec toutes les difficultés culturelles et sportives que ce changement implique.
Le problème est surtout que Paquetá est arrivé à Milan avec des attentes immenses, le poids de son transfert et un statut beaucoup trop lourd à porter : celui de successeur de Kaká. Il faut dire que le futur Ballon d'Or 2007 avait fait exactement le même chemin quinze ans plus tôt, sous l'initiative de... Leonardo. "Vous savez, à Milan, je m'étais mis beaucoup de pression" , a concédé Paquetá dans une interview à L’Equipe. "Trop, même. Donc en arrivant ici, à Lyon, je me suis dit que je ne m'en mettrai pas. Que je donnerai le meilleur de moi-même, tout simplement."
A Lyon, Paquetá revit
Promesse tenue. Paquetá n'a pas mis longtemps à donner la pleine mesure de son talent à Lyon. Il faut dire qu'il bénéficie à l'OL d'un environnement beaucoup plus favorable à son épanouissement. L'identité brésilienne du club s'est encore plus renforcée avec Juninho, promu directeur sportif, et ses recrues made in Brazil (Bruno Guimarães, l'Italo-Brésilien Emerson et Henrique Silva, en plus de Thiago Mendes et Marcelo).
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Paquetá a d'ailleurs reconnu que Juninho avait été la clé de son choix de rejoindre l'OL il y a un an, alors que la majorité des autres clubs doutaient que Paquetá arriverait à surmonter son échec milanais. "Il a d'abord été très sincère avec moi quand il m'a appelé : il savait la période que je traversais à Milan. Mais surtout, il me connaissait avant Milan. Il savait exactement qui j'étais. Il savait que je pouvais redevenir ce joueur comme à Flamengo, un guerrier qui se bat pour l'équipe. Aujourd'hui, quand je joue, je veux récompenser Juninho de la confiance qu'il a placée en moi" , assurait-il auprès de L'Equipe.
Et sur le terrain, Paquetá jouit d'un climat tout aussi radieux pour son bien-être. Ce n'est pourtant qu'à la 32e journée, la saison dernière, que Rudi Garcia comprend l'importance de placer le joyau au poste de milieu offensif. L'effet est immédiat : un but et une passe décisive contre Angers (3-0). Paquetá plantera trois nouveaux pions jusqu'à la fin de la saison. Et l'international brésilien (23 sélections, 5 buts) en est déjà à 3 réalisations en 6 journées lors de cette cuvée 2021/2022. Contre le PSG, dimanche 19 septembre, c'est d'ailleurs à lui que le poste a été confié, alors que la recrue star Xherdan Shaqiri le revendique naturellement. Mais le virtuose suisse doit déjà se faire une raison : à Lyon, l'on mesure la chance de posséder un tel joyau et on compte bien ne pas la laisser passer.