On aurait presque commencé à croire qu'Arkadiusz Milik était superflu à l'OM. Pire : que son retour bouleverserait l'équilibre d'une formation qui marchait sur l'eau en son absence. Avec un minimum de 2 buts à chaque match de Ligue 1 jusqu'au 22 septembre, le club phocéen faisait office de rouleau compresseur inarrêtable cette saison, malgré l'absence d'un attaquant de métier.
Et puis l'OM a marqué le pas, a connu sa première défaite de la saison contre Lens (2-3), et a enchaîné quatre matchs sans succès avant de se ressaisir contre Lorient (4-1), dimanche 17 octobre. Coïncidence ou non, c'était la première fois que Milik était titulaire depuis son retour le 30 septembre, contre Galatasaray (0-0) en Ligue Europa. Son but en fin de match a d'ailleurs permis à l'OM de se mettre à l'abri face aux Merlus.
Milik, une absence qui a fini par se faire sentir
Car la période creuse de l'OM a illustré à quel point Jorge Sampaoli avait besoin d'un immense buteur comme Milik sur le long terme. Les occasions étaient toujours là, "l'état d'esprit" aussi, mais pas "la finition" , comme le reconnaissait l'entraîneur argentin il y a trois semaines. Dimitri Payet a merveilleusement assuré l'intérim en tant que faux n°9, Bamba Dieng a montré qu'il pouvait faire des ravages par sa vitesse et sa capacité à prendre la profondeur, mais les qualités dans un domaine s'accompagnent souvent de manques dans un autre...
Et à l'OM, il est apparu qu'il manquait d'une présence dans la surface, d'un homme qui sait se placer au bon endroit au bon moment, d'un animal à sang-froid qui sait finir les actions sans sourciller. D'un joueur qui apporte aussi de la variété au jeu de l'OM, grâce à son profil de point d'appui et d'excellent remiseur d'une part, grâce à sa maîtrise des airs et son jeu de tête redoutable d'autre part. Finalement, il manquait à l'OM ce "grantatakan" tant convoité pendant des années et qui avait enfin été trouvé en janvier (9 buts en 15 matchs lors de la deuxième partie de saison dernière) : Arkadiusz Milik.
"Le retour de Milik va modifier la relation et la position des joueurs offensifs"
Il a donc suffi de trois matchs pour que Milik retrouve les filets après sa sérieuse blessure. S'il a demandé de la "patience" aux supporters, précisant "n'être pas encore en mesure de jouer 90 minutes tous les trois jours" à l'occasion de sa conférence de presse d'avant match contre la Lazio, le joueur de 27 ans a déjà dissipé quelques doutes. A commencer par ceux sur la nécessaire adaptation des joueurs de l'OM à leur "nouvel" attaquant. "Le retour de Milik va changer le positionnement de certains joueurs" , reconnaissait d'ailleurs Sampaoli en conférence de presse.
- A lire aussi : L1 : comment faire dérailler l’OM de Jorge Sampaoli ?
"Parce qu'avec Milik c'est différent d'un joueur comme Bamba Dieng, qui lui préfère jouer dans le dos et prendre la profondeur, ou qu'un Payet qui est plus un milieu offensif. Il y aura des relations différentes autour des ces joueurs offensifs. Milik est plus un buteur, plus un finisseur. Mais il a bien sûr aussi besoin de bonnes passes décisives pour arriver à ses stats de buts. Donc, ça va modifier un peu la relation et la position qu'auront les joueurs offensifs. Et c'est ce qu'on va essayer d'approfondir ces prochaines semaines."
Jorge Sampaoli en conférence de presse
Sampaoli et l'OM aux petits soins pour leur buteur
Les questionnements étaient de mise. Fallait-il laisser Dimitri Payet à sa position préférentielle de milieu offensif, ou le rapprocher de Milik pour en faire un deuxième attaquant - une disposition qui avait merveilleusement bien fonctionnée lors de la deuxième partie de saison dernière ? Faut-il réaccorder une place prépondérante aux ailiers pour alimenter "Arek" en centres, alors que l'OM n'avait que peu d'intérêt à utiliser cette arme en l'absence du grand attaquant (1m86) ?
Au fond, l'équation globale n'était pas si complexe pour Jorge Sampaoli, qui n'a pas eu besoin de modifier son déroutant système en 3-3-3-1, Milik prenant simplement la place de Payet (ou Dieng) en attaque, tandis que le Réunionnais retrouvait son poste de meneur de jeu. La présence de purs ailiers comme De la Fuente et Ünder, ainsi que celle de l'excellent centreur Lirola, est également du pain bénit pour le Polonais, qui semble avoir tout à sa disposition pour favoriser son épanouissement. Milik l'a d'ailleurs lui-même souligné en conférence de presse avant le match contre la Lazio.
"C'est génial pour un attaquant d'avoir un entraîneur comme Sampaoli, qui aime le jeu offensif. Il y a beaucoup de ballons dans la surface, cela permet d'être dangereux. Je suis content qu'on joue comme ça."
Arkadiusz Milik en conférence de presse
Chouette, Milik est de retour en Italie !
Et ce jeudi 21 octobre, Milik a une occasion en or de marquer son retour en force. Il retrouve en effet un club qu'il connaît bien, la Lazio, pour l'avoir affronté à de nombreuses reprises avec Naples lors de ses quatre saisons et demi en Italie (2016-janvier 2021). Surtout, il aura en face de lui un entraîneur qui n'a pas beaucoup de secret pour lui : Maurizio Sarri. "J'ai joué pour lui pendant deux ans à Naples, on avait une très bonne relation. J'ai beaucoup de respect pour lui, c'est un très grand entraineur. Il a des idées très claires sur le jeu" , a loué le joueur de 27 ans en conférence de presse.
L'international polonais (59 sélections) devrait donc n'avoir aucun mal à se mettre dans la tête de son ancien technicien pour le prendre à son propre jeu. Il sera aussi l'un des rares Marseillais à ne pas être dépaysé au Stadio Olimpico de Rome. Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est que Milik aura également un petit goût de revanche. Son aventure italienne a en effet été entachée par les blessures, et "Arek" a eu le sentiment de ne pas avoir pu exprimer toute sa pleine mesure dans la Botte. Avant de rejoindre la Canebière, il avait d'ailleurs connu une première partie de saison complètement blanche à Naples.
Reste une question : Milik prendra-t-il le risque de tout donner contre la Lazio, à seulement trois jours du "Classico" contre le PSG en Ligue 1 et alors qu'il revient à peine de blessure ? Jorge Sampaoli, en tout cas, devrait faire plaisir à son attaquant en l'alignant titulaire. Mais pour le bien de Marseille, l'entraîneur argentin sortira probablement son Polonais vers l'heure de jeu en prévision du gros morceau parisien. "Arek" aura-t-il le temps de marquer face à son ancien entraîneur d'ici-là ? Un tel buteur ne se pose même pas la question, il préfère y répondre directement.