21 novembre 2020. Manchester City s'incline face au Tottenham de José Mourinho (2-0) et confirme son début de saison très poussif. Deux mois plus tôt, les hommes de Pep Guardiola s'étaient fait gifler par Leicester à domicile (2-5). Après 9 journées, les Citizens occupent la neuvième place du classement de Premier League. Et bien sûr, la piteuse élimination en Ligue des champions face à l'OL, en août, continue de hanter toutes les mémoires.
A Manchester City, on désigne surtout un coupable : Pep Guardiola. Si Manchester City tâtonne, ce serait à cause de lui. Il faut dire que les Citizens n'enchantent pas vraiment leurs supporters. Possession stérile, manque de mouvement devant, fébrilité défensive... L'équipe mancunienne affiche le visage habituel d'un Pep Guardiola lorsqu'il semble à court de solutions pour redynamiser ses troupes.
Cinq mois plus tard, tout est déjà oublié. Ecrasant leader de Premier League, Manchester City a été officiellement couronné mardi 11 mai grâce à la défaite de son dauphin Manchester United contre Leicester (1-2). Pep Guardiola a fait de son équipe une armée inarrêtable, qui paraît invulnérable même quand elle est dans un jour sans. Le PSG peut en attester, lui qui s'est cassé les dents sur cette escouade en demi-finales de Ligue des champions. Entre le 21 novembre et le 7 mars, City a aussi été invaincu pendant 28 matchs, dont 21 victoires consécutives... Mais comment Pep Guardiola a-t-il fait pour inverser les courbes de manière aussi éclatante ?
Cancelo, Gündoğan : des repositionnements tactiques en forme de déclic
Ses principes de jeu tournent parfois à la caricature, mais Pep Guardiola n'hésite jamais à se renouveler quand il en ressent le besoin. Son Manchester City manquait de poids offensif en novembre ? Aux grands maux, les grands remèdes. Il repositionne João Cancelo, son latéral, au cœur du jeu en phase de possession. Tandis que les ailiers se chargent d'étirer le bloc adverse, le Portugais offre une solution supplémentaire dans les zones de danger. Ce qui a aussi permis à İlkay Gündoğan de se libérer, en jouant dans une position plus avancée. Entre mi-décembre et mi-janvier, le milieu allemand claque d'ailleurs 11 buts en 12 matchs...
La rotation est la clé du succès
Maître dans l'art du brouillage de pistes, Guardiola n'a aussi jamais hésité à remodeler son onze de départ en fonction des forces et faiblesses du moment. Gabriel Jesus, Ferran Torres, Raheem Sterling... Aucun membre de ce trio offensif titulaire en début de saison n'était présent au coup d'envoi contre le PSG en demi-finales de Ligue des champions. Une volonté de varier ses options, mais aussi une nécessité dans une saison à rallonge.
« Je fais beaucoup tourner parce qu'il n'est pas possible de jouer tous les jours. Ce sont des êtres humains, pas des machines. Aucun joueur ne peut jouer autant et être prêt mentalement à chaque match. Donc je les fais tourner. Sans spectateurs, quand la saison commence plus tard et termine plus tôt, on ne peut pas être là où nous sommes sans rotation."
Pep Guardiola en conférence de presse le 5 avril
- A lire aussi : Guardiola (Manchester City) : « C’est un succès énorme »
Une défense stabilisée
Au niveau défensif, Guardiola a su faire progresser ses joueurs mentalement. "Pourquoi on ne prend pas de buts ? Les quatre défenseurs, peu importe qui joue, ne commettent pas d'erreurs." Même si, pour beaucoup d'observateurs, c'est l'arrivée d'un homme - Ruben Dias - qui a permis d'enfin structurer cette défense de City. L'explication est aussi d'ordre tactique. En jouant aussi haut et avec autant d'hommes dans le tiers adverse, Manchester City se préserve des contre-attaques en développant son pressing à la perte du ballon. Enfin, la possession de balle est la meilleure des défenses selon Guardiola.
"Nous avons le ballon 67% du temps, voilà la raison de notre bilan défensif. Si vous avez le ballon le plus souvent possible, votre adversaire ne l'a pas. Peut-être qu'un jour les règles changeront, mais je crois que pour marquer, vous avez besoin du ballon..."
Pep Guardiola
Une certaine idée du mouvement
Enfin, le génial penseur de ce jeu qu'est Pep Guardiola a encore réinventé la manière de concevoir le football. Quand une équipe manque de consistance en attaque, on dit souvent qu'elle manque de mouvements. Pep Guardiola, lui, a pris le contre-pied de cette idée. Si son équipe tâtonnait en novembre, c'est parce qu'elle "courait trop", comme l'affirmait le maître catalan !
"Sans le ballon, il faut courir. Mais quand vous l'avez, il faut rester en position et laisser le ballon courir. Le ballon, pas les joueurs."
Pep Guardiola
Ainsi, les Citizens n'avaient plus à s'épuiser pour faire l'appel qu'il faut, puisqu'ils étaient déjà positionnés de manière à recevoir le ballon dans la bonne zone. En multipliant les passes courtes et rapides, c'est au contraire l'équipe adverse qui se retrouvait contrainte de courir. Un calvaire : demandez donc au PSG ce qu'il a vécu...