Il y a un peu plus de 30 ans, personne n'aurait osé parler de rivalité entre le PSG et l'OM. Mais au début des années 1990, Bernard Tapie cherche un nouvel ennemi de taille à son OM, qui se tirait la bourre avec Bordeaux en Ligue 1. Et cet ennemi devient le PSG, racheté par Canal+. Trois décennies plus tard, néanmoins, le constat est mitigé. Malgré quelques belles promesses dans les années 1990, malgré le show Ronaldinho en 2002 et 2003 (deux victoires 3-0 du PSG), malgré les efforts des entraîneurs marseillais Marcelo Bielsa en 2015 (2-3) et Rudi Garcia en 2017 (2-2), le "Classique" n'a que trop rarement basculé dans cette dimension fantastique qu'on lui prédisait.
Depuis 2012, notamment, le rapport de force s'est effrité. Devenu largement supérieur à l'OM grâce aux moyens de ses propriétaires qataris, le PSG a pris la main sur un duel dont l'issue laisse de moins en moins place au suspense. 19 victoires du PSG lors des 23 derniers matchs, voilà ce qu'est devenu le "Classique" au cours de la dernière décennie. Mais grâce aux nouvelles ambitions de l'OM, la rivalité pourrait bien reprendre de l'épaisseur dans les années à venir. A commencer par ce dimanche 24 août au Vélodrome, à partir de 20h45...
Avec Longoria, l'OM reprend vie
Avec l'arrivée de Frank McCourt comme propriétaire, l'OM dispose désormais de moyens qui ont fait naître l'espoir d'un retour en force. Reste encore à savoir les utiliser. Et avec Pablo Longoria, le club phocéen s'est trouvé un expert du mercato, qui n'a même pas besoin de flamber pour empiler les bons coups.
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Cet été, le président espagnol a fait débarquer une flopée de joueurs très enthousiasmants sur la Canebière, majoritairement en prêt (Mattéo Guendouzi, Cengiz Ünder, William Saliba, Amine Harit...). Et Longoria, qui s'était distingué par le coup de génie Arkadiusz Milik l'hiver dernier, a aussi brillé par son sens des négociations en réussissant à conserver le "grantatakan" polonais cet été, de même que le sémillant Pol Lirola, alors que des tauliers de la saison dernière tels que Boubacar Kamara et Duje Ćaleta-Car continuent de garnir l'effectif. Ajoutez à cela un Dimitri Payet monumental, entouré de comètes en attaque (Bamba Dieng, Konrad de la Fuente), et cet OM fait à nouveau frissonner ses adversaires rien que sur le papier.
Sampaoli, l'accélérateur de particules
Mais là aussi, restait encore à savoir quoi faire de cette rutilante carrosserie. Et avec Jorge Sampaoli, Marseille s'est également trouvé l'homme capable de franchir le pas. De menaçant sur le papier, cet OM est devenu un épouvantail sur le terrain, dont ses adversaires savent déjà que leur défense va passer un sale moment. Adepte d'une philosophie ultra-offensive et sur-vitaminée, le technicien argentin ne déroge jamais à sa ligne de conduite, même contre les "gros" comme le PSG.
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En conférence de presse d'avant match, Sampaoli a d'ailleurs exprimé sa volonté de "contrôler le match" et de priver le PSG de ballon. Messi, Neymar et Mbappé sont prévenus : le PSG ne pourra pas défendre à sept contre cette armée olympienne.
Le PSG dans un léger creux de la vague ?
Plus que jamais, l'OM semble donc prêt à réaliser un gros coup face au PSG. Mais pour que ce "Classique" puisse acquérir le statut de passe d'armes mémorable, il fallait encore que l'ogre parisien ne dépasse pas de la mêlée. Or, c'est le cas à l'heure actuelle. Et c'est un immense paradoxe, alors que le club de la capitale semble plus puissant que jamais après son mercato estival à s'en pincer pour le croire (Lionel Messi, Achraf Hakimi, Gianluigi Donnarumma, Sergio Ramos...).
Oui mais voilà, ce PSG de Mauricio Pochettino n'a toujours pas d'identité claire, ne dégage jamais un sentiment d'hégémonie et il se distingue davantage par sa fragilité défensive et son relâchement lorsqu'il est devant au score. Les partenaires de Presnel Kimpembe n'ont d'ailleurs gardé leur cage inviolée qu'à 4 reprises en 14 matchs cette saison.
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Le PSG et l'OM cherchent leur souffle avant de se retrouver
L'écart entre les deux formations semble donc plus restreint qu'il l'a été dans le passé. De quoi s'attendre à un immense combat et un feu d'artifice dans le jeu ? Un paramètre donne malheureusement du plomb dans l'aile à ces attentes : la dimension physique. Avec le championnat le week-end, la Coupe d'Europe en milieu de semaine et les rassemblements en sélection, les deux équipes ont logiquement du mal à être au top de leur forme à l'approche du Classique. "Ce n'est pas une excuse, mais on a eu pas mal de joueurs absents pendant la saison" , soulignait d'ailleurs Kylian Mbappé après la victoire laborieuse contre Leipzig (3-2), mercredi 20 octobre. "Dans les autres championnats, ils ont reporté les matchs. Nous, on les a joués."
L'OM, lui, accuse le coup physiquement depuis un mois après un début de saison canon. Les Marseillais se sont certes brillamment ressaisis contre Lorient (4-1), dimanche 17 octobre, mais ils ont montré de nouveaux signes d'essoufflement contre la Lazio (0-0), jeudi 21 octobre en Ligue Europa. Et ce n'est pas un hasard, puisque Jorge Sampaoli refuse de galvauder la compétition européenne. C'est tout à son honneur, mais ce jusqu'au-boutisme pourrait bien se retourner contre lui face au PSG. Et pas seulement au niveau de la fraîcheur physique.
L'OM pourrait rejouer avec le feu... pour embraser le Vélodrome ou se brûler les doigts ?
En conférence de presse, l'entraîneur argentin a en effet assumé de ne disposer "que de 48 heures pour préparer" la rencontre face aux Parisiens. Pas de quoi rassurer les supporters de l'OM, qui auraient préféré que leur entraîneur braque son regard bien plus tôt sur le match le plus important de l'année à leurs yeux. Dernier motif d'inquiétude ? Le dernier choc entre les deux clubs, au Vélodrome, qui avait tourné à l'avantage des Parisiens (0-2) en février 2021 alors que les Marseillais avaient tenté de prendre les choses en main.
Les partenaires de Kylian Mbappé connaissent donc la musique pour punir un OM entreprenant. Mais il n'y avait pas de Dimitri Payet magique ce jour-là, pas de Mattéo Guendouzi, pas de Sampaoli, pas de Milik, pas de Saliba, et des latéraux qui se nommaient alors Sakai et Nagatomo. Ce dimanche, il suffira d'une étincelle pour embraser le Vélodrome. Ça tombe bien : du côté du PSG et de l'OM, il y en aura de partout.