Il y a deux mois, le PSG subissait sa première défaite de la saison en Ligue 1. L'identité du bourreau ? Le Stade Rennais, 11e du championnat à l'époque, avec seulement 2 victoires en 8 journées. Avant la rencontre, les Rouge et Noir étaient encore en rodage, en quête de repères, à l'exception de cet éclatant triomphe contre Clermont (6-0) deux semaines plus tôt. Mais depuis, Rennes roule sur tout ce qui bouge, avec 13 matchs consécutifs sans défaite dont 10 victoires. Cette toute-puissance, les Rennais s'en sont donné les moyens. Mais ils ne pensaient peut-être pas récolter les fruits aussi tôt.
A Rennes, il y a de quoi faire
L'étiquette a encore du mal à lui être associée, mais il faut bien le dire : financièrement, Rennes est l'un des plus gros bonnets du championnat. Avoir un milliardaire comme propriétaire (François Pinault) est une première base. Mais ce qui fait toute la différence est que ce dernier ne se montre pas chiche sur les investissements. Lors du précédent mercato hivernal, les Rouge et Noir ont dépensé près de 80 millions d'euros. Ce qui en a fait le club le plus dépensier de France, devant le PSG ! Et l'an dernier, les achats du Stade Rennais avaient déjà culminé à 70 millions d'euros (58M€ en 2019).
Dans une période où les clubs, même les plus puissants d'Europe, se serrent la ceinture, cette marge de manœuvre financière est un vrai plus. Cet été, elle leur a permis de rafler la mise pour plusieurs joueurs extrêmement convoités, comme Kamaldeen Sulemana, Lovro Majer et Gaëtan Laborde. L'an dernier, les Rennais avaient déjà fait de Jérémy Doku le transfert le plus cher de l'histoire du club (26M€). Qui a dit que le climat breton était rude ?
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De l'art de savoir quoi faire avec son argent
Mais à Rennes, pas question de flamber avec cet argent. François Pinault a l'intention de faire monter le club en grade de manière intelligente, en s'appuyant sur un projet à long terme. C'est ainsi qu'il a fait venir Florian Maurice, le très réputé responsable de la cellule recrutement de l'OL, en mai 2020. Ce dernier a été chargé de construire un effectif cohérent, avec pour principale mission de dénicher des pépites destinées à exploser. Jérémy Doku (18 ans à l'époque), Sulemana (19 ans), Loïc Badé (21 ans), Majer (23 ans), Martin Terrier (23 ans) ou Nayef Aguerd (24 ans) ont ainsi été recrutés dans cette optique.
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Mais ce qui fait la force du Stade Rennais est que ces éléments très prometteurs s'incluent dans un collectif. C'est là où l'intelligence du mercato rennais prend tout son sens. Les recrues sont autant ciblées pour leurs qualités sportives que leur état d'esprit et leur capacité à s'imbriquer dans le projet piloté par le chef de chantier, Bruno Genesio en l'occurrence. Et Gaëtan Laborde en est le meilleur exemple...
Gaëtan Laborde, le symbole
L'ancien attaquant de Montpellier, arraché pour 15M€ lors du dernier jour du mercato, n'est pas seulement un redoutable buteur (deuxième meilleur marqueur de Ligue 1 avec 9 réalisations, 14 buts en 20 matchs toutes compétitions confondues cette saison). Il est aussi un leader, un guerrier dans l'état d'esprit et l'attitude. Confirmation de la part de son coéquipier de l'attaque Martin Terrier.
"Ce qui m'impressionne le plus chez lui, c'est son efficacité et sa manière d’être un leader offensif. Un leader sur le terrain, mais aussi dans le vestiaire. Il m’aide beaucoup à me surpasser, il m’entraîne dans les choses qu’il fait sur le terrain, dans le pressing. Il a une âme de leader qui m’aide beaucoup et je pense qu’il aide pas mal d’autres joueurs."
Martin Terrier en conférence de presse
Le Stade Rennais de Bruno Genesio est une machine en mouvement
Laborde et Terrier ne sont peut-être pas les attaquants les plus sexys, mais ils sont parmi les meilleurs dans le travail sans ballon, le pressing et les courses. Et c'est essentiel pour porter le projet de jeu de Bruno Genesio. "On est une équipe portée sur l'offensive, mais une équipe avec des attaquants qui défendent beaucoup" , résume Martin Terrier. Et c'est ce pressing féroce, calibré à la perfection, qui a complètement fait exploser l'OL (4-1) lors de la 13e journée. Une véritable prouesse alors que Genesio n'est arrivé qu'en mars dernier, et que la majorité des titulaires sont des recrues signées lors des deux précédents mercatos d'été.
Rennes aurait logiquement dû mettre du temps à fédérer tout ce petit monde et à trouver la bonne formule, comme son début de saison laborieux l'a montré. Mais l'intelligence des critères de recrutement rennais a ainsi permis à des joueurs qui se découvrent encore de de se fondre dans le projet de jeu et de devenir une équipe soudée en peu de temps. Et dire que ce n'est que le début...