Talent, résilience et persévérance

"Lionel Messi est tout seul, tout en haut. Mais, mis à part lui, Kevin peut prétendre faire partie des meilleurs joueurs du monde. C’est un joueur spécial, incroyable. Il fait tout. Sans le ballon, il est le premier à se battre et avec le ballon, il est clairvoyant. Il voit absolument tout. C’est pour ça que c’est un joueur d’un autre niveau", disait Pep Guardiola, entraîneur de Man City sur Kevin De Bruyne au sortir d'une rencontre de Premier League en septembre 2016. De la clairvoyance, Pep en avait aussi eu à l'époque. Aujourd'hui, tout cela semble se confirmer, de semaine en semaine. Après chaque week-end où on le voit à l’œuvre.

Kevin De Bruyne, sous les couleurs de Wolfsburg, en 2015. Icon Sport
Kevin De Bruyne, sous les couleurs de Wolfsburg, en 2015. Icon Sport

Pourtant, KDB a dû galérer pour atteindre le niveau qui est le sien. Et pour évoluer dans un grand d'Europe. Arrivé très jeune à Chelsea, le Belge a d'abord été prêté au Werder de Brême avant d'être vendu à Wolfsburg. Pour Mourinho et les Blues, à l'époque, il ne faisait pas l'affaire. Comme Mohamed Salah et Romelu Lukaku, d'ailleurs. C'est donc chez les Loups, que De Bruyne a percé et montré tout son talent, finissant meilleur passeur et meilleur joueur de Bundesliga, en 2015. Sur le plan collectif, Wolfsburg est même parvenu à rafler la Coupe et la Supercoupe d'Allemagne cette année-là.

Freiné par les blessures

Ses performances ne sont pas passées inaperçues en Angleterre. Et c'est alors que le vice-champion de Premier League, Manchester City, a dépensé près de 80 millions d'euros pour enrôler le génie belge. Une somme qui semblait à l'époque colossale, mais qui s'est finalement avéré être un sacré bon coup. Battu les deux premières saisons en Premier League – par Leicester et Chelsea – Man City est tout de même parvenu à se qualifier pour la première demi-finale de Ligue des champions de son histoire, éliminant le Paris Saint-Germain de Laurent Blanc grâce à un but de... Kevin De Bruyne.

Les trois premières saisons de KDB à City démarrent fort, avec une moyenne de 58 matches disputés par exercice, et des statistiques très intéressantes. Mais lors de sa quatrième saison, De Bruyne est rattrapé par des blessures, qui l'éloignent des terrains de nombreuses semaines. Pourtant, Man City remporte cette année-là la Premier League, avec 100 points au compteur, ainsi que la League Cup.

De Bruyne, le maître du jeu

Depuis 2019, Kevin De Bruyne enchaîne les grandes performances et empile les titres nationaux avec Manchester City. Une Premier League (2021) et deux League Cup (2020, 2021). Mais c'est surtout le rayonnement du Belge sur le jeu des Citizens qui frappe. En 2019/2020, De Bruyne marque à 19 reprises et délivre 28 passes décisives en 52 rencontres. La saison suivante, ce sont 13 buts pour 21 passes décisives. Et tout ce qui n'est pas visible à la statistique.

Parce que Kevin De Bruyne, c'est bien plus que des chiffres. C'est aussi ce qui n'est pas visible, et que lui voit. Cette fameuse avant-dernière passe dans le bon tempo pour créer le décalage et amener un but. Comme ces transversales pour le latéral à l'opposé, vues et revues chez le City de Pep Guardiola. KDB rythme le match, par son dribble, sa passe ou sa pause. Il a à la fois la science du déplacement, mais sait aussi où et comment se replacer. Le premier contre-pressing, c'est souvent lui qui le déclenche. La vista, évidemment, est aussi sienne. Toute la panoplie du très grand joueur y passe. De Bruyne a vu avant de recevoir, tout le temps. Dans n'importe quelle position et situation.

Le titre européen avec Man City, la seule pièce manquante

Alors oui, il est entouré par des joueurs plus que talentueux. Les Bernardo Silva, Mahrez, Foden Grealish, Rodri ou encore Gündogan. Mais Kevin De Bruyne est le facteur X de cette équipe de Manchester City, qui aspire de nouveau à tout gagner cette saison. Sur un boulevard pour remporter une nouvelle Premier League, les hommes de Pep Guardiola tenteront de soulever la première Ligue des champions de l'histoire des Skyblues. Et ce après avoir échoué en 2019 et 2020 en quart de finale contre Tottenham et l'Olympique Lyonnais, et en finale la saison dernière contre Chelsea (0-1).

Kevin De Bruyne, sous les couleurs de Wolfsburg, en 2015. Icon Sport
Kevin De Bruyne, contraint de sortir sur blessure lors de la finale de Ligue des champions 2021. Icon Sport

Ce jour-là, Kevin De Bruyne avait dû quitter ses partenaires à l'heure de jeu après avoir reçu un choc à la tête de la part d'Antonio Rüdiger. Mais City n'a jamais été aussi proche de remporter le Graal. Et le Belge n'a jamais semblé aussi fort. Huitième du classement Ballon d'Or 2021, il pourrait encore gagner des places lors des années à venir. Cette saison, peu de joueurs peuvent venir s’asseoir à la table du Prince d'Angleterre, en passe de devenir – si ce n'est pas encore le cas – le meilleur joueur du monde.