Dans le football actuel, de plus en plus physique et tactique, certains postes sont de plus en plus rares. Le jeu fait de transitions rapides de ces dernières années nous fait perdre l'un des styles de joueurs les plus impressionnants de notre sport : les vrais numéros 10. Zidane, Ronaldinho, ces joueurs qui faisaient lever les foules sur un geste sont en voie de disparition. Retour sur l'un des meilleurs exemples du joueur technique : Jay-Jay Okocha.

Le premier contrat d'Okocha, sur un hasard de vacances

Jay-Jay Okocha est né en 1973 à Enugu au Nigéria. Il joue toute sa jeunesse dans les équipes de jeune du club local : l'Enugu Rangers International Football Club. Malgré une technique au-dessus du lot, il ne sera jamais remarqué par un club plus huppé. En 1991, il rend visite à son ami Binemi Numa, alors joueur dans un club de troisième division allemande : le VFB Borussia Neunkirchen. Le jeune Jay-Jay vient faire une partie de l'entraînement avec son ami… À son retour aux vestiaires, un contrat l'attend.

À seulement 18 ans, Jay-Jay Okocha devient la star du club allemand. En une saison de trente-cinq matchs et sept buts, il est rapidement remarqué par l'Eintracht Francfort où il signera dès l'été suivant. Okocha écrira alors sa légende durant quatre saisons à Francfort en ayant, notamment, inscrit un but mémorable à un certain Oliver Kahn !

Oliver Kahn n'a pas dû souvent prendre de buts si humiliants !

Champion olympique et "Okochamania"

Par la suite, tout s'accélère pour Jay-Jay Okocha. Fraîchement champion olympique avec une superbe génération nigériane (Sunday Oliseh, Nwankwo Kanu, etc.), il signe alors à Fenerbahçe en 1996. En Turquie, Okocha devient une vraie star. En plus de ses excellentes prestations sportives, il devient un personnage public dans la capitale turque. Souvent invité des plateaux télés, il décidera même de prendre la double nationalité turque-nigériane. À Istanbul, on appelle cette période la « Okochamania ».

Après trois saisons durant lesquelles il aura su gommer certains de ses principaux défauts comme son manque d'efficacité devant le but et une Coupe du monde 1998 durant laquelle il aura explosé aux yeux du monde, Jay-Jay Okocha est finalement recruté par le Paris-Saint-Germain pour près de 100 M de Francs (environ 15 M€ - le record pour un club français).

Le PSG et Bloton en apogée

Oui, vous avez bien lu. En 1998, un transfert de 15 M€ était le record du pays. Jay-Jay Okocha arrivait donc dans le club de la capitale avec une pression supplémentaire. Et quel meilleur moyen pour gérer cette pression qu'une frappe de trente-cinq mètres en lucarne quelques instants après être entré en jeu ? Dominique Casagrande doit encore se souvenir de cette frappe !

Okocha, lors de sa deuxième minute de jeu pour le PSG

Avec quinze buts en 103 matchs sur quatre saisons au PSG, Okocha laissera un goût d'inachevé dans le club parisien. Rarement placé dans un effectif ultra-compétitif dans un PSG de la fin des années 1990 qui enchainait les crises et les coachs, l'aventure parisienne d'Okocha fut finalement assez décevante. En 2002, il rejoint Bolton, en laissant son numéro 10 à Paris à un certain... Ronaldinho.

Une nouvelle fois, il ne faudra pas longtemps à Okocha pour se mettre les supporters anglais dans la poche. Si ses trente ans l'empêchent d'être aussi vif qu'à sa meilleure période, Okocha enchaîne les gestes de grande classe et régale les supporters de Bolton.

Jay-Jay Okocha enchainera finalement avec deux saisons au Qatar avant de terminer sa carrière dans l'oubli avec une saison à dix-neuf matchs à Hull City. À l'instar de joueurs tels que Ben Arfa, Okocha fait partie des joueurs magiciens. Capables de tout ou presque avec un ballon, son manque d'investissement et de discipline tactique l'empêcheront de passer le cap que sa technique lui promettait. Il reste, malgré tout, un joueur dont les compilations sont les plus impressionnantes.