L'Allemagne n'est plus favorite

En Allemagne, le fiasco Mondial 2018 n’est pas oublié. Et dans un pays qui ne jure que par la gagne, seule une victoire finale à l’Euro 2020 assurerait de tirer un trait sur ce chapitre. Mais, une fois n'est pas coutume, la Mannschaft se présentera sans l’étiquette de favori collée au front. Cette fois, les Allemands ont laissé ce lourd fardeau à l’équipe de France, leur premier adversaire de l’été. Car à Munich, c’est une Allemagne en (re)construction qui se dressera face aux champions du monde.

Depuis 3 ans, les hommes de Joachim Low ont été traversés par toutes les émotions. La satisfaction et la fierté d'abord quand ils se sont imposés aux Pays-Bas en mars 2019 (2-3). L'inquiétude et la honte ensuite quand ils ont fait face à de grosses désillusions. Celles provoquées par une lourde défaite en Espagne (6-0) en novembre 2020 et un revers historique face à la Macédoine du Nord en mars dernier (1-2). Alors que faire dans pareilles circonstances ? Que faire quand les repères manquent à ce point au sein d’une équipe habituée à ne jamais douter ? Joachim Löw aurait pu tout envoyer en l’air, mais ce n’est pas dans les habitudes de la maison. L’ancien milieu a préféré s’appuyer sur ce qui a fonctionné durant son long mandat et construire sur les points forts d’un effectif pas avare en talents.

Löw et le retour des "glorieux anciens"

Alors, l’ancien adjoint de Jürgen Klinsmann a balayé ses convictions, revu ses certitudes et soigné son entêtement. Si la France avait "l’affaire Benzema", l’Allemagne a été confrontée au sujet brûlant des "glorieux anciens". Ces champions du monde qui, la trentaine passée, ont quitté les plans du sélectionneur certain de pouvoir rebâtir après la Russie autour de la nouvelle génération. Mais les doutes s’installant et l’envie de bien terminer un mandat de 15 ans l’ont finalement emportés. Low a mis de l’eau dans son vin et fait confiance à Thomas Müller et Mats Hummels.

Symboles d’un Mondial 2014 survolé par une formation séduisante et dotée d’une puissance collective rarement vue, les deux hommes ont signé leur retour dans la liste des 26 appelés à participer au rendez-vous continental. Désignés dans le onze-type de la Coupe du monde au Brésil, le Munichois et le Borussen ne sont pas simplement venus avec leur talent. Dans leurs valises, les deux patrons ont apporté toute leur expérience (174 sélections en cumulé) pour encadrer un groupe jeune et en manque de repères à ce niveau international. 

L'Allemagne devrait se présenter en 3-4-3 face aux Bleus

Et avec les "vieux", Löw a décidé de faire du neuf. Sonné par la défaite contre la Macédoine du Nord, le vainqueur de la Coupe du monde 2014 a fait le choix de préparer son équipe dans un 3-4-3 dans lequel figuraient Müller et Hummels. Un schéma utilisé avec plus ou moins de réussite depuis l’élimination en Russie. Pragmatique, le coach de 61 ans croit en ce système. Celui-ci est censé soulager les points faibles du collectif et placer dans les meilleures dispositions ses éléments-clés. Face à la faible Lettonie (7-1), lors de la deuxième rencontre de test, les intentions du sélectionneur étaient clairement affichées.

Alors qu’il a prévenu qu’une "défense compacte serait une condition préalable" face à la France et au Portugal, le sélectionneur a installé un trio défensif composé de Hummels, Ginter et Rüdiger particulièrement à l’aise dans ce système privilégié par Tuchel à Chelsea. Rassurés par cette assise défensive, les pistons Gosens et Kimmich jouent un rôle crucial dans l’animation collective. Le premier, brillant dans ce même rôle avec l’Atalanta a tout pour être la bonne surprise côté allemand. De l’autre côté, Kimmich, brillant milieu de terrain au Bayern, retrouve son poste de formation. Celui de latéral droit très offensif. Si Low fait le choix de se priver de son volume de jeu, de son impact et de sa qualité technique dans l’entrejeu, il cherche en fait à combler les manques dans un couloir où les autres solutions (Klostermann, Can, Süle) n’apportent pas satisfaction et souffrent de la comparaison avec le Bavarois.

Au milieu de terrain, sans Kimmich, la paire Kroos-Gundogan a pour le moment les faveurs du sélectionneur. Mais, une fois que Leon Goretzka effectuera son retour, le coach devra trancher. Si son équipe fut convaincante contre la Lettonie (7-1), il n’oublie pas que 3 jours plus tôt elle avait eu plus de mal face au Danemark (1-1).

Des zones d'ombre à éclaircir

À Munich, quelles solutions privilégiera alors le sélectionneur face aux Bleus puis plus tard le Portugal et la Hongrie ? Son système, bien que rassurant, présente encore quelques zones d’ombre. Et notamment celui du comportement du bloc face à des formations plus menaçantes que les Lettons ou les Danois. L’Allemagne se pose des questions et espère trouver les réponses face aux Bleus. Toutefois, les hommes de Deschamps eux se garderaient bien de se voir trop beaux face à une équipe qui a atteint le dernier carré lors de 7 des 9 derniers grands tournois !