Une belle victoire face à la Finlande (2-0) et tout est oublié ? Non, bien sûr que non. L'équipe de France a certes été rassurante lors de son dernier match, mais elle a trop de choses à se faire pardonner pour que ses supporters passent l'éponge sur des mois d'errances et d'insuffisances. Surtout, il serait naïf de croire que les Bleus ont réglé tous leurs problèmes en 90 minutes (ou plutôt 60). D'autant que cette prestation n'était pas l'aboutissement d'un processus ou la consécration d'un projet de jeu, mais une nouvelle expérimentation avec le retour au 3-4-3. Les Bleus seraient déjà de retour au top ? Ils repartent au contraire d'une page blanche. A quasiment un an de la Coupe du monde...
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L'équipe de France ne sait toujours pas où donner de la tête
Ce n'est que la cinquième fois que l'équipe de France évoluait dans ce système à trois défenseurs. Après un premier coup d'essai en 2019 contre l'Albanie (2-0), les Bleus l'avaient à nouveau testé deux fois en 2020, avant de sombrer dedans face à la Suisse cet été. Mais puisque ce système a donné satisfaction contre la Finlande, Didier Deschamps devrait le reconduire face à la Belgique, ce jeudi 7 octobre en demi-finale de Ligue des nations. Avant de l'installer définitivement jusqu'à la Coupe du monde 2022 ? Cela permettrait au moins de donner un cap à ces Bleus qui manquent tant de certitudes depuis de longs mois.
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4-3-3, 4-2-3-1, 4-4-2 losange... Didier Deschamps n'a cessé de faire tourner la tête de Paul Pogba et compagnie, en rebattant les cartes en permanence avec ses changements de système. On a d'ailleurs longtemps reproché à l'équipe de France de Deschamps de ne pas avoir d'identité définie. Le sélectionneur demande en effet à ses joueurs d'être des couteaux suisses plutôt que des pions disposés sur un échiquier dans un but bien précis. Mais cette vision a donc fini par se retourner contre lui.
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Volonté de continuité ou énième expérimentation de Deschamps ?
Alors certes, le champion du monde 1998 ne va pas se renier du jour au lendemain. "Ce n’est pas le fait de défendre à trois, quatre ou cinq qui change. Moi je pars toujours avec l’idée de prendre l’option avec laquelle mon équipe créera le plus de problèmes à l’adversaire" , psalmodiait encore le sélectionneur en conférence de presse à la veille de France-Belgique.
Mais si le 3-4-3 fonctionne à nouveau ce soir, "DD" pourrait être tenté de l'imposer quel que soit l'adversaire. Car ce système offre à la fois de solides garanties en attaque (avec un Griezmann en meneur de jeu pour soutenir deux attaquants plus proches du but) et en défense (équipe moins exposée à la perte de balle avec un joueur de plus dans la tranchée arrière).
Vous avez dit pistons ?
Cependant, l'équipe de France n'en est donc qu'aux balbutiements de cette possible nouvelle ère. Et pas seulement parce que les joueurs manquent logiquement de repères dans ce dispositif qu'ils découvrent encore. Tout d'abord, le système à trois défenseurs centraux et deux pistons reste une bizarrerie en France, comme le prouve l'absence criante de profils spécifiques pour occuper les couloirs.
Si Deschamps semble avoir concocté ce système sur-mesure pour les qualités de Théo Hernández, aucun autre joueur français de haut niveau ne se revendique de ce poste, devenu si répandu dans d'autres grandes nations de football. Les latéraux français peuvent être des pistons par défaut, mais pas l'inverse, à l'image de Léo Dubois. Contre la Belgique, Deschamps devrait même pousser le paradoxe à l'extrême en alignant Benjamin Pavard comme piston droit. Le Munichois, défenseur central de formation, est pourtant l'un des latéraux les moins offensifs du marché. Et tout le monde se souvient de son naufrage sur le flanc droit contre la Suisse...
Et si le problème semble moins épineux à gauche, il n'en reste pas moins d'actualité. Aussi offensif soit-il, Théo Hernández reste un latéral. C'est d'ailleurs comme ça qu'il s'est défini en conférence de presse, mardi 5 octobre. Et pour cause : il a joué 184 matchs professionnels à ce poste, contre... 5 en tant que piston gauche. Les repères sont évidemment très différents à ces deux postes, et la bourde (sans conséquence) du joueur de l'AC Milan en fin de match contre la Finlande l'a démontré. De quoi rappeler, aussi, que l'expérience internationale de Théo Hernández reste quasi nulle (une sélection) et qu'il ne faudrait pas le placer trop vite sur un piédestal.
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La défense de l'équipe de France nage dans l'inconnu
La défense centrale est elle aussi source d'incertitudes. Piliers des Bleus, Raphaël Varane et Presnel Kimpembe ont régulièrement semblé déboussolés dans ce système, eux qui ont toujours connu la doublette classique dans l'axe. Jules Koundé, qui devrait être titulaire au poste d'axial droit contre la Belgique, pourrait en faire l'amère expérience à son tour, lui qui n'a toujours connu que la défense à deux avec Bordeaux et le Séville FC...
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Enfin, si Lucas Hernández a des qualités taillées pour le poste d'axial gauche qu'il devrait animer face aux Diables Rouges, ce ne sera que la deuxième fois qu'il l'occuperait en Bleu. Repères, où êtes-vous ?
Mbappé-Benzema-Griezmann, le décollage est pour quand ?
Et que dire du "trio magique" Karim Benzema - Kylian Mbappé - Antoine Griezmann ? Après sept matchs communs, cette association que tout le monde voyait déjà comme la plus puissante du monde semble toujours en être à la case départ. Contre la Finlande, Benzema et Griezmann ont enfin affiché une merveilleuse complicité... en l'absence de l'attaquant du PSG. Le 3-4-1-2 est a priori le système qui convient le mieux à ces trois-là. Mais ces derniers ont encore besoin d'un paquet de matchs dans cette disposition pour trouver leur quintessence commune (s'ils la trouvent). Et des matchs, il n'y en a plus tant que ça jusqu'à la Coupe du monde 2022...