« J’aimais surtout jouer. J’avais quelques maillots, je regardais l’équipe de France à la télévision, mais, pour moi, footballeur, c’était pas un métier ! »

Didier Deschamps

Natif de Bayonne, Didier Deschamps était un élève calme et studieux. De quoi lui laisser du temps après les cours pour aller taper dans un ballon. Il racontait ne pas vouloir faire de football en club, estimant que cela ne lui ferait pas gagner sa vie. L'histoire future le liant à ce sport lui prouva le contraire. En 1976, alors seulement âgé de 8 ans, il rejoint l'Aviron Bayonnais et s'essaye à différentes activités. Le rugby, le handball, le saut en longueur et même la pelote basque. Aucun de ces sports ne parvint à allumer la flamme dans les yeux du petit Didier. A 11 ans, il se décide enfin à se lancer dans le football.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)

Quatre ans plus tard et après de nombreuses sollicitations différentes (Saint-Etienne, Bordeaux...), il décide de rejoindre le centre de formation du FC Nantes. A posteriori, il remerciait ses parents de lui avoir laissé le libre choix. Chez les Canaries, il pensait pouvoir assurer au mieux ses études.

Alors qu'il doit travailler ses cours de seconde une fois les entraînements terminés, Didier Deschamps finit par s'isoler dans sa chambre. En cause, la pression liée à tous les éloges faites à son égard et la jalousie que cela peut créer chez les classes plus hautes. Dès son plus jeune âge, Didier était vu comme l'un des phénomènes de sa génération, à qui on promettait déjà un grand avenir en professionnel, voire en équipe de France. C'est à l'âge de 17 ans que le jeune canari vit ses premières minutes avec l'équipe première. Intégré au groupe par Jean-Claude Suaudeau, l'entraîneur de l'époque, Didier Deschamps joue une petite heure. Il remplace alors Vahid Halilhodžić blessé. L'histoire veut qu'en à peine deux saisons d'alternance entre la réserve et l'équipe première, DD obtint son premier contrat professionnel à 19 ans. Mieux encore, il joua la saison 1987-1988 en tant que... capitaine.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
Didier Deschamps face à son futur coéquipier Jean-Pierre Papin en 1989 (Icon Sport)

Didier Deschamps, un capitaine sur le toit de l'Europe

A l'origine, Didier Deschamps fit ses premiers pas en tant que défenseur central. Toutefois, il fut rapidement replacé au poste de milieu défensif devant Antoine Kombouaré et Marcel Dessailly, son grand ami. Alors qu'il parvient à connaître le goût de la victoire avec le FC Nantes, l'heure arrive, au terme de la saison 1988-1989, de quitter la Jonelière. A cette époque, il ne souhaite pas forcément quitter la France.

Ainsi, il rejoint l'Olympique de Marseille, champion de France en titre. La pression est grande, mais jusque-là, Didier Deschamps connaît. Après une première saison mitigée, il est forcé de rejoindre les Girondins de Bordeaux dans le cadre d'un prêt. S'il l'a mauvaise, cela ne l'empêche pas de se donner à fond là-bas. Christophe Dugarry, son coéquipier en Gironde, disait de lui qu'il s'occupait "de tout". Une carrure et une assurance qui feront probablement de lui un excellent capitaine et milieu de terrain partout où il passera.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
Didier Deschamps, capitaine de l'OM sacré en Ligue des champions 1993 (Icon Sport)

Au terme de cette saison 1990-1991, il implore Bernard Tapie de lui laisser sa chance à Marseille, ce que le président olympien finit par accepter. La saison 1991-1992 est une vraie révélation pour tout le monde. Il devient un joueur phare de l'effectif phocéen et un pion essentiel chez les Bleus. A l'intersaison 1992-1993, Didier Deschamps devient le capitaine de l'Olympique de Marseille suite au départ de Jean-Pierre Papin à l'AC Milan. La suite de l'histoire, vous la connaissez. Au terme d'une saison exceptionnelle, les Olympiens remportent la première Ligue des champions de leur histoire. C'est encore, à ce jour, la seule qu'un club français ait remporté.

Des saisons loin de la France

Après une saison 1993-1994 bousculée par l'affaire VAFC-OM qui a vu l'OM perdre son titre de champion de France 1993, Didier Deschamps quitte finalement les terres phocéennes. Il s'engage pour 3 ans à la Juventus Turin, là où il restera en fait cinq saisons. De ses 26 à ses 31 ans, Didier Deschamps joue dans un cador européen à la fleur de l'âge. A tel point qu'il ne s'attire que des louanges. Dès la première saison, Marcello Lippi le titularise après son retour de blessure aux côtés d'Antonio Conte. A eux deux, ils forment un duo impassable au milieu de terrain.

En 1996, au terme de sa deuxième saison sur le Pô, il remporte une deuxième Ligue des champions. Il aurait pu même garnir son armoire à trophées européens s'il ne s'était pas incliné à deux reprises en 1997 et 1998 contre Dortmund et le Real Madrid. Il pourra toute fois se consoler avec une victoire en finale de Coupe du monde face aux Brésiliens 3 à 0, dans un stade de France bouillonnant.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
Didier Deschamps, vainqueur de la Ligue des champions 1996 avec la Juventus Turin (Icon Sport)

La saison 1998-1999 a ensuite été éprouvante pour lui. "Cette année suivant le titre suprême a été pénible à vivre. Les résultats ont été décevants avec la Juve. On n’a rien remporté et puis, il y a eu les enquêtes judiciaires liées aux affaires de dopage. Bref, j’ai ressenti une lassitude physique, mais aussi mentale", a-t-il déclaré dans des propos tirés d'un article de France TV. Au terme de cette saison difficile, il quitte la Juventus Turin pour rejoindre les Blues de Chelsea. Saison aussi compliquée, mais agrémentée tout de même d'une coupe d'Angleterre.

Seulement un an passé en Premier League, il rejoint Valence pour une ultime saison. Au cours de celle-ci, il termine 5e en championnat et s'incline une troisième fois en finale de Ligue des champions. Cette fois-ci, c'était face au Bayern Munich, aux tirs au but. Sa carrière aura été largement fleurie d'un certain nombre de titres remportés, que ce soit en club ou en sélection. Il remporte pas moins de 15 trophées (OM 3, Juventus Turin 11, Chelsea 1) en club et 2 avec les Bleus (Coupe du monde 1998, Euro 2000).

Une reconversion réussie

Beaucoup d'entraîneurs qui ont réussi dans leur métier n'ont pas forcément eu une telle réussite en tant que joueurs. Pour Didier Deschamps, il n'en est rien. Après une carrière bien remplie, il décide de se reconvertir en tant qu'entraîneur. Une suite logique compte tenu des déclarations faites à son égard concernant sa personnalité et son besoin de tout contrôler. A peine sa carrière de joueur terminée, il enchaîne dans la foulée au poste d'entraîneur principal de l'AS Monaco. Il signe en 2001 un contrat de 4 ans. Sa première saison se passe mal puisque le club du Rocher évite la relégation à seulement quatre petits points.

Tout proche de partir, il reste finalement dans la Principauté grâce à des concessions de sa part. La deuxième saison est à l'inverse de la première : une deuxième place en championnat et un trophée de vainqueur de la Coupe de la Ligue 2003 face à Sochaux. Sa troisième saison fut probablement la plus belle et la plus rageante sous la tunique monégasque. Auteur d'une saison exceptionnelle, les hommes de Didier Deschamps se hissent en finale de la Ligue des champions, mais s'inclinent face à un rookie du métier, José Mourinho. En 2005, il quitte Monaco après une saison ratée et se laisse une année sans entraîner.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
La peine de DD après la défaite en finale de l'Euro 2016 (Icon Sport)

En juillet 2006, il signe contre toute attente à la Juventus Turin. Pourquoi une telle surprise ? Car le club de la Vieille Dame est relégué administrativement en Serie B et doit entamer sa saison avec -17 points au compteur. Grâce à un groupe soudé, Didier Deschamps réussit l'exploit de faire remonter dès la première saison la Juventus Turin en Serie A. Toutefois, il quitte le club à l'issue de cette saison suite à un désaccord profond avec sa direction. Deux ans plus tard, il rejoint le banc de l'Olympique de Marseille. Un retour chez son amour de jeunesse, en somme. En trois saisons avec les Phocéens, il réussit l'exploit de ramener 6 titres au club. En 2010, il réussit même le triplé Ligue 1 - Coupe de France - Coupe de la Ligue.

La mission de Didier Deschamps avec les Bleus

En 2012, alors que l'équipe de France est en perdition depuis l'Euro 2008, une Coupe du monde 2010 catastrophique et une élimination prématurée à l'Euro 2012, la Fédération française de football désigne Didier Deschamps pour succéder à Laurent Blanc. Dix ans plus tard, il n'a toujours pas quitté la sélection tricolore. Son objectif est clair : redorer le blason des Bleus et renouer un lien fort avec son public qui attend depuis trop longtemps une équipe de France belle et soudée. Sa première compétition majeure, en 2014, est née d'une rencontre aller-retour face à l'Ukraine, en novembre 2013. Alors que les Bleus se sont inclinés 2 à 0 à Kiev, ils doivent impérativement retourner la tendance au Stade de France une semaine plus tard. Ce sera chose faite puisque les Tricolores terrassent l'Ukraine 3 à 0, dans un Stade de France qui n'avait plus vu pareille ambiance depuis des années.

Au Brésil, la Coupe du monde démarre bien et Didier Deschamps emmène son groupe jusqu'en quart de finale. Toutefois, ils tombent, au terme d'un valeureux match, face aux futurs vainqueurs, les Allemands.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
La peine de Didier Deschamps après la défaite en finale de l'Euro 2016 (Icon Sport)

A ce moment-là, la France est triste, mais rassurée. Un nouveau groupe de joueurs forts, constitué d'Antoine Griezmann, Paul Pogba, Hugo Lloris et Raphaël Varane va faire les beaux jours des Bleus. Deux ans plus tard, en 2016, le grand événement. L'équipe de France jouera tous ses matchs de l'Euro à domicile puisque la France en est l'organisatrice. Compétition jouée parfaitement par les Bleus qui éliminent d'abord l'Irlande et l'Islande. En demi-finale, inquiétude. Deschamps et sa troupe jouent l'Allemagne. Au terme de l'un des matchs les plus aboutis de l'ère DD, les Bleus terrassent les champions du monde en titre 2 à 0 dans un Vélodrome détonnant. Toutefois, ils s'inclinent en finale, dans leur propre stade, au terme d'un match apathique où les Bleus ont cruellement manqué de confiance en eux. Mais cette défaite vaut de l'or...

Didier Deschamps, encore au sommet du monde

En 2018, la France grimpe sur le toit du monde. Les Bleus de Didier Deschamps, dont les intentions sont de créer un bloc défensif impassable et de lancer Kylian Mbappé et Antoine Griezmann en contre, réalisent une Coupe du monde quasi-parfaite. En Russie, les hommes de Didier Deschamps n'auront été menés que 9 minutes sur le total de la compétition. Une statistique qui montre à quel point son pari est réussi. Après des matchs devenus iconiques face à l'Argentine, l'Uruguay, la Belgique et la Croatie (en finale), les Bleus de Didier Deschamps sont de loin la meilleure sélection nationale du monde. La suite est toutefois un peu plus difficile.

Didier Deschamps au centre de formation de Nantes en 1986 (Icon Sport)
Didier Deschamps a remporté la Coupe du monde en 1998 et 2018. (Icon Sport)

Si les Bleus partent favoris de l'Euro 2020 (joué en 2021), ils échouent en huitième de finale face à des Suisses conquérants. Toutefois, en octobre de la même année, Didier Deschamps remporte un nouveau titre avec les Bleus : la Ligue des nations. Ce 15 octobre, date de publication de cet article, toute la rédaction de Foot11 souhaite un excellent anniversaire à Didier Deschamps. Un palmarès incroyable autant en tant que joueur qu'en tant qu'entraîneur. Une carrière au plus haut niveau du football depuis 1987 jusqu'à aujourd'hui. S'il n'est pas encore garanti qu'il restera très longtemps encore à la tête des Bleus, Didier Deschamps s'apprête à vivre une Coupe du monde particulière. En effet, lui et ses troupes remettent le titre de 2018 en jeu. De quoi assurer une certaine pression. Encore faut-il qu'il en ait peur...