Un temps considérée - à raison - comme l'une des locomotives du football féminin en Europe, la France a perdu du terrain sur ses voisins européens. Le FC Barcelone continue de grandir en Espagne, le Real Madrid gravit les échelons. En Italie, la Juventus et la Roma émerge de plus en plus. Mais c'est surtout en Allemagne et en Angleterre que la progression est vertigineuse depuis plusieurs mois.
La France n'est plus la référence
Qu'on se le dise : l'Olympique Lyonnais est toujours considéré comme l'un des plus grands clubs du monde. Le club français a la capacité d'attirer les plus grandes stars du football mondial. Mais l'OL évolue dans un championnat qui stagne depuis des mois, et qui se laisse doubler par la concurrence. La retransmission des matches de D1 Arkéma laisse souvent à désirer, alors que les infrastructures mises à disposition des joueuses ne sont pas toujours optimales. Terrain synthétique, pelouse abîmée, changement de stade...
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Autant de points négatifs qui ont poussé la FFF à se retrousser les manches pour trouver des solutions permettant l'évolution du football féminin en France. La D1 Arkéma fera peau neuve la saison prochaine, avec notamment la mise en place de play-offs. La création d'un centre de formation dans les clubs aidera aussi la professionnalisation du foot féminin. À compter de 2024, une Ligue professionnelle sera créée. Sauf que pour le moment, l'équipe de France féminine n'a pas le moindre diffuseur, alors que la Coupe du monde arrive vite. Canal +, diffuseur de la D1 Arkéma, est en fin de contrat au terme de la saison. Le temps presse pour la FFF, qui a tout de même décidé de repousser la date de remise d'offres pour les droits TV de la saison prochaine. La finale de Vitality Women's Fa Cup se jouera devant près de 90 000 personnes alors que la finale de la Coupe de France se jouera à Orléans devant... 8 000 personnes. Et ce malgré l'affiche "rêvée" par la FFF entre l'OL et le PSG.
L'Angleterre joue dans une autre cour
Elle partait de plus loin, et pourtant. L'Angleterre avoir devancé tout le monde, à commencer par son accord avec la BBC et Sky Sports pour l'acquisition de la Barclays Women's Super League, la première division anglaise chez les filles. En 2021, un contrat de 8,1 millions d'euros pour trois saisons avait été signé. C'était alors la première fois que les droits de la WSL étaient vendus séparément de ceux de la Premier League, permettant aux clubs anglais de pouvoir grandir et progresser.
Et chez elles, les Anglaises ont remporté le dernier Euro, en finale contre l'Allemagne. 80 000 personnes étaient présentes à Old Trafford pour le premier match contre l'Autriche. 87 192 spectateurs avaient rempli Wembley pour suivre la finale face aux Allemandes. Un record pour une finale d'un Euro, hommes et femmes confondus. Ce n'est pas rien. Désormais, les records tombent sur le continent britannique. Pour la première fois de son histoire, l'Emirates Stadium a affiché complet pour un match des Gunners lors de la demi-finale de Ligue des champions face à Wolfsburg : 60 063 personnes sont venues assister au choc dans l'antre des joueuses d'Arsenal.
Chelsea, Manchester United, Manchester City continuent eux aussi de se développer. Les Blues ont atteint les demi-finales de Ligue des champions, éliminant l'Olympique Lyonnais en quart de finale. Et si l'OL a pris la porte d'une façon plus que cruelle, ce match met en relief l'écart considérablement réduit par les écuries anglaises.
Le Barça fait rêver, les Allemands se développent
Il y a deux ans, en 2021, Chelsea chutait lourdement face au FC Barcelone en finale. Deux ans plus tard, les Blues d'Eve Périsset tombaient avec les honneurs face aux Catalans (0-1, 1-1) en demi-finales. Le Barça, d'ailleurs, détient encore le record mondial d'affluence dans un match, avec 91 648 spectateurs. Les Catalanes font rêver, emmenées par une Alexia Putellas double Ballon d'Or, ou encore Aitana Bonmati, Lucy Bronze ou la nouvelle recrue anglaise, plus chère de l'histoire, Keira Walsh.
En matière de droits TV, DAZN avait acquis en 2022 la première division féminine contre 35 millions d'euros pour les cinq prochaines saisons. Une vraie évolution. En Allemagne, les droits TV du championnat seront multipliés par 16 la saison prochaine, soit un total de 5,17 millions d’euros brut sur une saison. Pour rappel, en France, les droits TV dépassaient à peine de million d'euros cette saison. Un gouffre qui ne cesse de grandir, et de se voir sur le terrain.