La France au Parc, 28 ans après la Bulgarie

Ce samedi 13 novembre à 20h45, c’est au Parc des Princes que l’équipe de France jouera son dernier défi d’une année 2021 forcément contrastée. Celui de décrocher son ticket pour la Coupe du monde 2022 face à la nation présumée la plus abordable du groupe : le Kazakhstan. Une affiche qui intervient 28 ans, presque jour pour jour, après une autre rencontre de qualification au Mondial jouée dans l’enceinte du 16ème arrondissement de Paris. Le Parc des Princes, qui a longtemps été le théâtre des affiches des Bleus, avait assisté en ce 17 novembre 1993 à l’un des plus grands fiascos de l’histoire de l'équipe de France.

Dirigés par Gérard Houllier, les Français s'étaient vus couper la route du Mondial 1994 par la Bulgarie. Une cicatrice qui ne s'est jamais vraiment refermée. 28 ans après le cauchemar, la bande à Didier Deschamps est prévenue : elle devra se méfier pour ne pas reproduire un scénario identique, alors que les données entourant l'avant-match lient les deux rencontres...

Il y a 28 ans, l'équipe de France se voyait barrer la route de la Coupe du monde 1994 par la Bulgarie (iconsport)
Il y a 28 ans, l'équipe de France se voyait barrer la route de la Coupe du monde 1994 par la Bulgarie (iconsport)

Le coup de poignard de Kostadinov

Il y a vingt-huit ans, quand les Bleus de Gérard Houllier reçoivent la Bulgarie, rien ne laisse présager un scénario catastrophe. Tout le monde en est persuadé, les Français - qui n’ont besoin que d’un petit point pour rester devant leur adversaire du jour - seront du voyage à la Coupe du monde 1994 l’été suivant. La défaite face à Israël (2-3) un mois plus tôt au Parc des Princes, n’est alors, pense-t-on, qu’un accident. D'autant que face à la Bulgarie, les Bleus ouvrent le score par Eric Cantona.

Mais la France se fait peur en concédant rapidement l’égalisation par Emil Kostadinov. Les Tricolores tiennent néanmoins leur résultat, et alors que les minutes s’égrainent, ils pensent tenir leur ticket pour les États-Unis. Jusqu’à cette funeste 90ème minute. Suite à un centre manqué de David Ginola, la formation bulgare enclenche un contre qui termine par une frappe sous la barre du même Kostadinov. Un coup de poignard dans le dos des Bleus, qui regarderont de leur canapé le Mondial 94.

Houllier et le "crime" de Ginola

S’ouvre alors un règlement de compte collectif, dans lequel ressurgissent toutes les tensions et inimitiés qui polluaient le groupe France. Ginola est notamment pris à partie par Houllier, qui démissionnera de son poste de sélectionneur le 24 novembre. L'élégant gaucher, qui a tant fait se lever les foules au Parc des Princes, était devenu l’homme à abattre pour Houllier et celui dont il tenta de faire porter le chapeau de l'élimination. D’un geste, un centre mal ajusté, il s’était vu reprocher par la suite "un crime" par le futur coach de Liverpool - qui finira par s’excuser. Houllier pointait également du doigt des propos tenus par "El Magnifico" en avant-match.

Il y a 28 ans, l'équipe de France se voyait barrer la route de la Coupe du monde 1994 par la Bulgarie (iconsport)
Entré en jeu, David Ginola a été pointé du doigt après l'élimination de l'équipe de France dans la course à la Coupe du monde 1994 (iconsport)

Des mots forts, plus mal dosés encore que le geste de l’ailier, qui transformèrent un fiasco sportif en une affaire d’hommes. Le but de Kostadinov n’était alors plus le cœur du problème et l’équipe de France se retrouvait plongée dans une guerre d’égo.

Arrivé mi-décembre sur les ruines de France-Bulgarie, Aimé Jacquet parviendra finalement à fonder les bases de deux des plus beaux succès français : le sacre en Coupe du monde 1998 et à l’Euro 2000. Sept joueurs seulement ayant participé au cauchemar bulgare (Bernard Lama, Bixente Lizarazu, Laurent Blanc, Marcel Desailly, Emmanuel Petit, Didier Deschamps et Youri Djorkaeff) avaient survécu à ce traumatisme pour conquérir la première étoile mondiale.

France-Bulgarie et France-Kazakshtan, Deschamps "ne veut pas comparer"

Mais au moment de préparer la rencontre face au Kazakhstan, les souvenirs amers de la soirée du 17 novembre 1993 et le but d’Emil Kostadinov dans les arrêts de jeu ressurgissent-ils dans les pensées de Didier Deschamps ? Il est probable qu'en homme d’expérience, l’ancien capitaine des Bleus saura puiser dans cet échec collectif les mots justes pour que son groupe ne plonge pas dans le même piège que celui de 1993.

"Certes, c'était au Parc, mais je ne veux pas comparer. Certains joueurs n'étaient même pas nés même s'ils savent ce qui a pu arriver dans l'histoire. Vous savez pourquoi on est au Parc des Princes, une très belle enceinte. C'est bien de pouvoir jouer à Paris ce qui constitue un match décisif pour nous. C'était il y a 28 ans, cela passe..."

Didier Deschamps en conférence de presse (lundi 8 novembre)

Il y a 28 ans, l'équipe de France se voyait barrer la route de la Coupe du monde 1994 par la Bulgarie (iconsport)
Titulaire avec l'équipe de France contre la Bulgarie en 1993, Deschamps ne "veut pas comparer" cette rencontre avec celle à venir contre le Kazakhstan (iconsport)

Deschamps veut chasser les vieux démons

Vingt-huit ans après, toujours au Parc des Princes, les Bleus ont cette fois l’occasion de chasser les vieux démons et de décrocher un ticket pour la Coupe du monde sur cette pelouse de la porte de Saint-Cloud. Le symbole est fort puisqu'il s'agit du premier match de qualification au Mondial que la France disputera au Parc des Princes depuis cette triste nuit de novembre 1993. La dernière rencontre officielle est même elle aussi un mauvais souvenir : une défaite 1-0 face à l’Écosse sur la route de l’Euro 2008.

Il y a 28 ans, l'équipe de France se voyait barrer la route de la Coupe du monde 1994 par la Bulgarie (iconsport)
Patrick Vieira et l'équipe de France avaient perdu contre l'Ecosse (0-1) le 12 septembre 2007, en qualifications à l'Euro 2008. Icon Sport

"Il faut avoir de la vigilance pour ne pas se croire qualifiés avant de l'être" , a prévenu Didier Deschamps en conférence de presse en début de semaine. "C'est arrivé à d'autres et je l'ai payé à titre personnel. Surtout il faut faire en sorte que cela ne se répète pas." S’il restera un joker aux Bleus en Finlande en cas de contre-performance face au Kazakhstan, le sélectionneur espère bien voir ses joueurs graver sur cette pelouse un souvenir bien plus heureux. 28 ans après.