Cinq défaites sur ses six derniers matchs, des supporters déchaînés qui attaquent le centre d'entraînement, un entraîneur (André Villas-Boas) qui démissionne... L'Olympique de Marseille est au bord de l'effondrement. Parmi les nombreuses raisons qui expliquent le désastre marseillais, une d'entre elles revient régulièrement : la faillite des cadres du groupe. Ce statut de taulier, Dimitri Payet et Florian Thauvin ne l'assument non seulement pas sur le terrain. Mais en dehors, c'est encore pire.
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Alors qu'ils sont censés défendre l'institution OM, s'ériger en porte-drapeau des valeurs du club, faire passer l'intérêt supérieur du club au-dessus du leur, les deux internationaux français font tout l'inverse. Fâchés pour des questions de contrat et de salaire, ils sont responsables de l'ambiance délétère qui plombe le groupe. Jamais de telles choses ne se seraient produites avec des joueurs qui érigent le statut du club au rang de totem. Jamais de telles de choses ne se seraient produites avec des joueurs comme Luiz Gustavo, Lucas Ocampos ou Maxime Lopez, que le club a pourtant naïvement laissés filer.
Luiz Gustavo, le phare dans la tempête
Parti à Fenerbahçe au début de la saison dernière, Luiz Gustavo était le symbole du joueur de devoir. Capitaine, exemplaire sur le terrain, n'hésitant jamais à secouer le navire quand il tanguait, le milieu brésilien a toujours donné tout ce qu'il avait pour l'Olympique de Marseille. Quitte à finir lessivé, au bout du rouleau après tant de dévotion et de sacrifices.
C’est comme une histoire d’amour. Il y a des choses, des émotions que tu comprends, mais il y a aussi d'autres choses que tu ne peux pas expliquer. J’ai du mal à trouver les mots. Ce que je peux dire, c’est que j’ai vraiment tout donné pour ce club. Et à Marseille quand tu donnes tout, ça te fatigue beaucoup. Mentalement surtout. J’étais arrivé à un point où la fatigue était très forte et m’a incité à faire ce choix (partir), pour recommencer un autre projet."
Luiz Gustavo, au Canal Football Club
L'exemple le plus marquant de son dévouement : son repositionnement forcé en défense centrale lors de la saison 2018/2019. Moins à l'aise à ce poste, frustré de bénéficier de moins de liberté et d'être davantage exposé, le Brésilien ne s'est pourtant jamais plaint. C'est seulement après son départ que le joueur de 33 ans a vidé son sac, toute en modération.
Si tu sais que tu as besoin d’un défenseur central, alors achète un défenseur central. Ne prends pas un milieu pour jouer défenseur. Je peux aider, mais ce n’est pas mon poste… Après je ne cherche pas d’excuses, nous avons tous des responsabilités dans la deuxième saison manquée
Luiz Gustavo, au Canal Football Club
Lucas Ocampos, le guerrier parti donner sa vie ailleurs
Arrivé en 2015, Lucas Ocampos s'est tout de suite mis les exigents supporters de l'OM dans la poche, au point d'être l'un de leurs chouchous. L'international argentin n'était peut-être pas l'un des joueurs les plus techniques, et sa maladresse pouvait parfois être agaçante. Mais on ne pourra jamais reprocher à l'ancien Monégasque d'avoir triché. Sur la pelouse, l'ailier d'1m88 pouvait laisser sa vie pour l'Olympique de Marseille. Il ne s'est jamais échappé à aucun duel, se battant comme un mort de faim pour les besoins de l'OM.
Malheureusement, le club n'a jamais vraiment reconnu Ocampos à sa juste valeur, se focalisant sur ses limites techniques. Sans voir que sa dévotion pour l'OM était une qualité inestimable, la direction l'a laissé partir en même temps que Luiz Gustavo, au FC Séville. Où le guerrier de 26 ans explose tout depuis...
Il me restait un an de contrat. Nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord avec les dirigeants et j’ai eu cette opportunité d’aller à Séville. C’a été très dur de partir. Je m’y sentais comme chez moi. J’ai vécu une belle histoire à Marseille et cela restera gravé à jamais en moi. »
Lucas Ocampos, à L'Equipe
Maxime Lopez, l'enfant du club boudé par l'OM
S'il y avait bien un symbole de l'Olympique de Marseille, c'était lui. Maxime Lopez, arrivé en 2010 à l'âge de 13 ans au club, était l'âme des Phocéens. Personne ou presque ne connaissait autant les valeurs du club que le jeune milieu relayeur. Mais encore une fois, pour l'OM, ce n'était visiblement pas assez. Souvent remplaçant, le minot a longtemps attendu qu'on lui donne sa chance, en silence et sans jamais rechigner.
C’est vrai qu’on m’a beaucoup enterré. C’est pour ça que je suis arrivé à Sassuolo avec la rage et l’envie de tout casser. C’est la première fois que je pars de Marseille. Moi qui suis un pur Marseillais, c’est la première fois que je quitte ma famille, mes parents que je voyais souvent...
Maxime Lopez, à Téléfoot
Maxime Lopez a parfois même accepté de dépanner au poste d'avant-centre, comme lors du Classique contre le PSG en début de saison ! Mais à 23 ans, le Franco-Algérien en a eu assez et a fait ses valises deux semaines plus tard. Prêté à Sassuolo, il contribue depuis à la flamboyante saison du club italien, qui n'hésitera pas à lever l'option d'achat. Car ailleurs qu'à Marseille, les clubs savent bien qu'un joueur de devoir a valeur d'or.