Chroniqueur pour Die Zeit, Philipp Lahm a dressé son analyse de l'élimination du PSG en Ligue des Champions.

Le PSG, vitrine du Qatar

L'ancien international allemand ne prend pas de pincettes. Selon lui, "Le PSG a un problème de fond. L'équipe joue sans inspiration et offre au public un patchwork." Dans sa dissection, il relève tout d'abord une partie du vestiaire parisien. "Le PSG a donc les deux joueurs qui ont séduit le monde avec leurs équipes lors de la finale de la Coupe du monde il y a trois mois, Messi et Mbappé, plus Neymar, le meilleur joueur brésilien de la dernière décennie, ainsi que l'ancien capitaine et quadruple vainqueur de la Ligue des champions du Real , plus deux champions d'Europe en titre. Ils font tous partie des footballeurs les plus célèbres de la planète et ont des fans et des followers dans le monde entier." Malgré ces stars, un succès en C1 se fait toujours attendre. Le champion du monde 2014 a une idée du pourquoi.

Sans hésiter, Lahm cible le Qatar. "Cet équipage au prix exorbitant est comme un grand magasin de luxe, présentant les expositions les plus précieuses qui sont admirées de tous, mais que personne ne peut se permettre. Il garantit beaucoup d'attention et de spectacle, mais ne fonctionne qu'économiquement. (...) Politiquement, l'investissement du PSG a peut-être porté ses fruits. Le football se prête à d'autres usages en raison de sa popularité en tant qu'instrument. Le propriétaire, le pays du Qatar, a utilisé Paris et l'Europe pour sa sécurité et sa géopolitique, ses joueurs aussi. Mais le football est différent. Les grandes équipes auxquelles les gens s'identifient se développent dans un processus. Cela ne peut réussir qu'avec la coopération, la solidarité et la communauté. Ce sont les valeurs de l'Europe, mais pas celles du PSG." Un constat cuisant, qui ne plaira pas forcément à tout le monde.

Verratti, symbole d'un naufrage

Fort d'une carrière exceptionnelle, Lahm s'est aussi exprimé à partir du prisme sportif. L'ancien latéral reconverti milieu défensif n'a pas été tendre avec Marco Verratti. "C'est en fait un bon footballeur, à l'aise avec le ballon et fort en tacles. Il était l'un des plus forts de l'équipe d'Italie, championne d'Europe. Sous le maillot du PSG, en revanche, il se surestime et n'a pas intériorisé le rôle du milieu défensif qui donne de la stabilité à son équipe. En conséquence, il manque de connexion avec ses coéquipiers." Pour étayer ses propos, il rappelle logiquement la contre-performance importante de l'Italien à Munich.

L'homme aux 113 sélections avec la Mannschaft prend néanmoins du recul sur la mauvaise prestation du joueur formé à Pescara, qu'il replace dans un contexte collectif. "Verratti est un symbole du PSG. Ni la défense, ni le milieu de terrain, ni l'attaque n'ont développé le sens de l'ensemble et le sens de la responsabilité du résultat. Sergio Ramos, autrefois l'incarnation du défenseur central, prouve encore ses compétences défensives même dans la vieillesse. Mais il est présenté isolément sur le terrain. Le PSG n'est pas une équipe."