A priori, Julian Nagelsmann a tout pour plaire au Bayern, et le Bayern a tout pour plaire à Julian Nagelsmann. Le Rekordmeister a mis la main sur l'un des entraîneurs les plus talentueux du monde. A 33 ans, Nagelsmann a déjà atteint une demi-finale de Ligue des champions avec Leipzig l'an dernier. Son génie tactique, son football offensif et ses qualités humaines en ont déjà fait une star dans le petit monde des entraîneurs.
Nagelsmann, de son côté, a toujours rêvé de diriger le club de sa région, lui qui est né à 60 kilomètres de Munich. Le géant de Bavière est la suite logique pour celui qui veut franchir un cap au plus haut niveau. Dans un environnement qui ne sera pas dépaysant pour lui, Nagelsmann semble avoir tout pour réussir. Mais si ce mariage a l'air idyllique sur le papier, les obstacles promettent en réalité d'être nombreux.
La barrière du très haut niveau à franchir
Le Bayern, n'est-ce pas un peu trop haut, un peu trop vite pour Nagelsmann ? Jusqu'ici, le technicien prodige a toujours eu carte blanche pour faire grandir des clubs comme Hoffenheim ou Leipzig. Au Bayern, la pression et le niveau d'exigence seront autrement plus élevés. Il lui sera demandé de gagner tous les matchs et tous les titres possibles. Or, des titres, c'est justement ce qui manque à Nagelsmann pour l'instant. Jusqu'à présent, le jeune crack a toujours été dans la peau de l'outsider. Il va devoir apprendre à gérer le statut de favori, qui n'a pas le droit de se rater.
Mais c'est surtout lors des très grosses affiches que Nagelsmann sera attendu. Lorsque la pression des grands rendez-vous se fait sentir, le jeune entraîneur a souvent donné l'impression de ne pas être à la hauteur de toutes les promesses affichées chaque week-end. Cette saison, par exemple, son Leipzig s'est montré impuissant contre Liverpool en Ligue des champions, alors que les Reds étaient au fond du trou. Aux commandes des Roten Bullen, Nagelsmann n'a aussi jamais gagné contre le Bayern. Certes, il a souvent embêté l'ogre bavarois, mais la différence entre le résultat et la manière prouve que Nagelsmann doit encore franchir un cap.
Un entraîneur trop changeant pour le Bayern ?
Enfin, si sa philosophie de jeu offensive colle à celle du Bayern, son style risque de bouleverser certaines habitudes chez le Rekordmeister. Nagelsmann est un adepte de la flexibilité tactique. Son équipe peut évoluer dans une demi-douzaine de systèmes de jeu différents. Ses joueurs, également, doivent être capables de jouer à différents postes. Il est d'ailleurs rare que Nagelsmann aligne deux fois le même dispositif, lui qui s'adapte à chaque fois (et même en cours de match) aux forces et aux faiblesses de l'adversaire.
Or, au Bayern, cette instabilité est justement vue d'un mauvais oeil et plutôt perçue comme un signe de faiblesse. Ce n'est pas au Bayern de s'adapter à son adversaire, mais aux adversaires de s'adapter au Bayern. C'est en rétablissant ce principe central de l'ADN du club qu'Hansi Flick a redonné toute sa fierté au Rekordmeister. Habitués au 4-2-3-1, à un style de jeu figé dans le marbre et à un entraîneur qui leur laissait beaucoup de liberté sur la pelouse, les joueurs du Bayern sauront-ils s'adapter aux méthodes d'un Nagelsmann beaucoup plus minutieux et exigeant tactiquement ? Cela reste à prouver...