Le Barça contraint par les règlementations de la Ligue

Dans son communiqué du 5 août dernier qui secouait le monde du football et annonçait la fin de son histoire d’amour avec Lionel Messi, le FC Barcelone exposait les raisons du départ du meilleur joueur de son histoire. Et l’imputait directement à la Ligue. Dans le premier paragraphe en effet, le club catalan expliquait que le contrat de l’Argentin, pour lequel toutes les parties avaient trouvé un accord total, "n’avait pas pu être officialisé en raison d'obstacles économiques et structurels (règlement de la LaLiga espagnole)." Un choc pour les supporters, les dirigeants et même Lionel Messi qui s’attendait à disputer une 22ème saison au Camp Nou.

Le Barça et "la règle des 70%"

Si, dans un premier temps, la rumeur d’un coup de pression adressé à Javier Tebas, Président de la Liga, était avancée, il n’en a rien été. Alors que le FC Barcelone doit diviser par plus de deux sa masse salariale cet été, les nouvelles réglementations de la Ligue imposent que ces dépenses ne dépassent plus 70% du chiffre d’affaires des clubs espagnols. Or, comme l’expliquait Joan Laporta, le Président du Barça, en conférence de presse, la masse salariale du club blaugrana "représente 110% de notre budget, ce qui nous laisse aucune marge par rapport aux règles de régulation de la Liga". Confronté aux exigences financières de l’organisateur du championnat espagnol de football, le FCB ne peut donc plus se payer Lionel Messi, ni à 50% de sa rémunération d’alors, ni même gratuitement comme l’explique L’Équipe dans son édition du mardi 10 août.

La Ligue s'est attirée les foudres du Barça et du Real

Pas de coup de pression donc. Le FC Barcelone n’a tout simplement plus les sous pour assouvir ses ambitions. Alors que le club croule sous une dette pharaonique (plus d’un milliard d’euros), Laporta doit en plus chercher des solutions pour pouvoir inscrire les nouveaux contrats des recrues estivales.

À côté de cela, l’opposition entre le Barça et la Ligue est montée d’un cran lorsque cette dernière a annoncé la semaine dernière avoir cédé 10% de son capital et des droits télé pendant cinquante ans à CVC Capital Partners (fonds luxembourgeois également implanté en Formule 1, rugby et volley-ball) en échange de 2,7 milliards d’euros. Une cession qui a suscité une levée de bouclier de la part du FC Barcelone et du Real Madrid opposés à un deal qui "hypothéquerait l’avenir du club" selon Laporta. Une prise de position qui a surpris la Ligue qui voyait, dans cet engagement, une solution aux problèmes des Blaugrana.

Paris a plus de marge de manœuvre que le Barça

L’avenir de Lionel Messi ne pouvant donc plus s’écrire en Catalogne, le Paris Saint-Germain a flairé le (très) gros coup. Alors qu’il travaillait sur l’opération Paul Pogba, le club de la capitale a jeté toutes ses forces dans la bataille pour s’offrir la star argentine. Pendant que Manchester City cassait sa tirelire et battait des records pour Jack Grealish et alors que peu de clubs peuvent s’offrir le sextuple Ballon d’Or, même libre, le PSG est rapidement devenu la seule solution crédible. Mais alors, pourquoi Paris parvient-il à payer alors même que le club a subi de lourdes pertes en raison de la crise sanitaire, que la crise des droits télé a engendré un important manque à gagner et qu’il accuse des pertes évaluées à 124,2 millions d’euros sur la saison écoulée ?

En France, "la règle des 70%" repoussée pour 2023-2024

Parce que la Ligue française est - pour le moment - moins regardante que son homologue de l’autre côté des Pyrénées. Si la "règle des 70%" existe également en France, elle n’entrera effectivement en vigueur qu’à partir de la saison sportive 2023-2024 après avoir été repoussée d'une saison. Ce n’est qu’à partir de cette date que Paris devra s’assurer que sa masse salariale n’excède pas 70% de ses recettes. Dans cette optique, Nasser Al-Khelaïfi et la direction parisienne tablent d’ailleurs certainement sur des ressources en hausse grâce à la signature de Lionel Messi qui formera une attaque de rêve aux côtés de Neymar et Kylian Mbappé (ventes de maillots, nouveaux contrats commerciaux, revenus billetterie, droits télés, succès sportifs…) Car, pour le moment, selon le dernier rapport de la DNCG, la part de la masse salariale du PSG représente près de 100% de ses recettes.

Le fair-play financier assoupli par l'UEFA

Ensuite, Paris a pu profiter de l’allégement du fair-play financier, mesure de l’UEFA qui interdit aux clubs de dépenser plus que ce qu’ils ne gagnent. En raison de la crise sanitaire et des pertes importantes qu’elle a engendrées pour le club, l’instance européenne a fait le choix de se montrer moins regardante sur le respect de ces règles afin d’apporter plus de "flexibilité aux clubs". Dans le détail, elle prévoit un "rallongement de la période de surveillance évaluée lors de la saison 2021-22" ainsi que la "neutralisation des répercussions négatives de la pandémie par l’étalement du déficit combiné sur 2020 et 2021 et l’autorisation d’ajustements spécifiques".

Paris, attentions aux excès

Toutefois, tout n’est pas tout rose au PSG et le club de la capitale devra bien - tôt ou tard - entrer dans les clous des réglementations financières de la Ligue et de l’UEFA. Sous peine de grosses sanctions pouvant aller, en ce qui concerne l’instance européenne, à l’exclusion pure et simple de toutes compétitions européennes. Alors que Paris déclarait devant la DNCG s’attendre à vendre pour 180 à 200 millions d’euros cet été, seul Mitchel Bakker s’est pour le moment envolé vers Leverkusen contre 7M€. Et Paris aura bien du mal à atteindre l’objectif annoncé. Le club détenu par QSI ne doit pas oublier que l’assouplissement des règles n’est que "temporaire". Il n’y a plus qu’à espérer que l’arrivée de Lionel Messi, dont le salaire pourrait flirter avec les 35 millions d’euros nets annuels, hors primes, se conjugue avec une augmentation sensible des recettes du club Rouge et Bleu.