De Lens à Lens, Marseille a bien changé. De cette défaite concédée face aux Sang et Or au Vélodrome le 26 septembre 2021 (2-3) à cette victoire en forme de coup de maître au stade Bollaert ce samedi 22 janvier 2022 (0-2), l’OM s’est réinventé. Sous l’impulsion d’un Jorge Sampaoli prêt à revoir sa copie pour tirer le meilleur d’un effectif construit pour mettre en œuvre ses idées de technicien ambitieux et amoureux de jeu, l'OM est devenu une équipe redoutable. « C’est notre match le plus abouti, reconnaissait d’ailleurs l’Argentin après la démonstration phocéenne dans le Nord. Il fallait faire un gros match contre une telle équipe pour l’emporter, surtout après la leçon que Lens nous avait donnée à l’aller. On en avait d’ailleurs tiré des leçons ».
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De cette défaite face au groupe de Franck Haise, qui avait été suivie d’une autre correction à Lille (2-0), Sampaoli a donc tiré les bonnes conclusions. Grâce à des ajustements, une meilleure connaissance de ses hommes (et vice-versa) et la confiance accumulée par certains éléments, l’OM est devenu une équipe plus aboutie. Un changement, non pas de philosophie, mais d’approche qui se dessine depuis plusieurs semaines et a trouvé son accomplissement à Bollaert. Au grand dam de Lensois désœuvrés.
Marseille, maître de la possession active
C’est un élément qui saute aux yeux lorsque l’on s’assoit devant un match de Marseille cette saison. L’OM est devenu une équipe de possession et les chiffres le prouvent. Avec 62,5% de possession de moyenne (selon les données de fbref.com), l’Olympique de Marseille est la deuxième équipe de Ligue 1 qui tient le plus le ballon cette saison (Paris est en tête avec 64,2%). Mais alors que le ballon semblait brûler les pieds des Marseillais en début de saison, ils sont devenus des spécialistes de la « possession active ». En d’autres termes, Marseille tient le ballon, et le tient bien. « Mon équipe a progressé dans le contrôle du jeu, notamment contre des formations fortes dans la transition comme Lens », se félicitait d’ailleurs Sampaoli après la victoire dans l’Artois samedi.
L'OM la joue comme City
Sans 9 de métier dans le Nord, comme à plusieurs reprises cette saison, l’OM se facilite aussi la maîtrise du cuir. Et la rend la plus pénible possible pour son adversaire. À Lens, la première période marseillaise est un modèle du genre. Grâce à une permutation constante de ses offensifs - le rôle de Payet est précieux - et la projection de ses milieux - Guendouzi, brillant à Lens, en tête -, l’OM est illisible pour ses adversaires en phases de possession et génère un inconfort pour défendre. Un jeu « à la Manchester City », qui favorise aussi les situations de supériorité numérique dans certaines zones clés.
En travaillant son adversaire de cette manière, Marseille est aussi capable de le piquer autrement. Le penalty obtenu à Lens, après une faute de Medina, probablement las d’avoir eu à défendre durant trente minutes, vient d’une transition rapide. De même, le but de Bakambu, entré en fin de partie, est une brillante utilisation des espaces laissés par la défense lensoise.
Un équilibré trouvé
C’est l’autre très grande force du Marseille version 2021-2022. Et aussi le changement majeur constaté ces dernières semaines. Durant ses premiers mois sur le banc de l’OM, la volonté de Sampaoli pouvait se résumer par l'idée de marquer un but de plus que son adversaire. Une approche joueuse, qui colle à la réputation de l’Argentin, mais qui rendait alors les Olympiens particulièrement vulnérables.
Alors, l'ancien de Séville a travaillé à la recherche d'un équilibre. Finies les situations d'un-contre-un en défense, l’OM s’asseoit désormais sur une défense à quatre dans un système en 4-1-4-1 qui lui convient parfaitement. Souvent aligné à droite de la défense, Rongier occupe un rôle hybride qui lui permet d'avoir un positionnement plus haut en phase de possession. Boubacar Kamara apporte lui son aide dans la première ligne de quatre quand il s’agit de défendre. Dès lors, les défenseurs marseillais se trouvent dorénavant dans un plus grand confort et fréquemment en supériorité numérique au moment d’affronter les attaquants adverses.
L’OM, une défense devenue muraille
D’autant que derrière, Pau López, sur un nuage, rassure tout le monde. Aujourd’hui, l’OM est la deuxième meilleure défense d’Europe derrière Manchester City (16 buts encaissés en Ligue 1). Impensable en début de saison quand Marseille comptait déjà 4 buts concédés en deux journées. À l’image du collectif de Pep Guardiola, Marseille sait désormais défendre... en attaquant. En tenant le ballon, les risques de concéder des situations chaudes - et donc des buts - diminuent considérablement.
Le gardien espagnol occupe aussi un rôle majeur dans ces chiffres défensifs. Il est ainsi le deuxième gardien de Ligue 1 qui « sur-performe » le plus. Seul Walter Benítez (Nice, +3,9) possède ainsi un meilleur différentiel que lui entre les buts encaissés et les expected goals (qui mesurent la qualité d'une occasion en calculant la probabilité qu'un tir termine en but) (+3,3 pour López). En outre, l'ancien de la Roma a déjà signé onze clean-sheets cette saison en n'ayant participé qu'à 17 matchs !
« Je sais pourquoi ils ont la meilleure défense de France », soufflait ainsi Franck Haise après la défaite de samedi en écho à l’impuissance de ses hommes qui ont buté, 90 minutes durant, sur la muraille phocéenne.
Tout n’est pas encore parfait
Evidemment, tout n’est pas encore parfait à l’OM et les axes de progression existent encore pour Sampaoli. L’Argentin n’a d’ailleurs pas manqué d’en relever un après Lens « Nous sommes plus à l’aise à l’extérieur. Quand nous avons l’obligation de gagner à la maison, même émotionnellement, si on ne marque pas rapidement, le match peut se compliquer ». 3ème de Ligue 1, Marseille n’est en effet que 11e à domicile et a déjà laissé échapper 16 points à l'Orange Vélodrome.
Autre élément d’amélioration, le jeu sur les côtés doit gagner en consistance. À Lens, la différence d’apport entre Cengiz Ünder, devenu indiscutable, et Luis Henrique a été flagrante. Si le Turc s'est rendu efficace dans le dribble et à la finition, son pendant à gauche, qu’il soit le Brésilien ou un autre joueur, ne peut se targuer du même rendement. Whoscored.com note d’ailleurs que 41% des offensives de l’OM en 2021-2022 se développent à droite contre seulement 34% à l’opposé. Parmi les autres équipes du haut de tableau, aucune ne penche autant d’un côté. À titre de comparaison, l’OGC Nice, 2e, affiche un équilibre quasiment parfait (36% à gauche, 38% à droite).
À Sampaoli et ses hommes de continuer à travailler...