Dimanche 31 janvier 2021, la saison dernière. Le FC Lorient est bon dernier de Ligue 1. Avec 14 défaites en 21 journées, la descente en Ligue 2 semble déjà inéluctable. Et les Merlus s'apprêtent à faire un pas de plus vers le purgatoire en accueillant le PSG. A la 80e minute de jeu, les Parisiens mènent 2-1 et se dirigent tranquillement vers la victoire. Mais contre toute attente, les hommes de Christophe Pélissier reviennent d'entre les morts, égalisent et inscrivent même le but du triomphe dans le temps additionnel (3-2) ! Une soirée dont le Moustoir se souviendra longtemps, et qui servira d'acte fondateur pour la suite des événements.
Car quatre mois plus tard, Lorient décroche un maintien dont plus personne n'osait parler en janvier. Surfant sur l'exploit contre le PSG, les Morbihannais réalisent une phase retour punchy. Avec 30 points obtenus - soit 18 de plus que la phase aller - et 33 buts inscrits à la clé. Alors est-ce vraiment une surprise si les Merlus trônent aujourd'hui à une emballante cinquième place de Ligue 1, après avoir rapetissé le champion de France lillois (2-1) et le Nice de Christophe Galtier (1-0) - invaincu jusqu'alors - lors des trois derniers matchs ? Les joueurs de Christophe Pélissier sont tout simplement restés sur leur lancée de la deuxième partie de saison dernière. En proposant de nouveau un jeu séduisant, une solidité défensive retrouvée et une efficacité perpétuée près des cages.
Lorient, un modèle de jeu de transition
La tactique de Lorient est simple et terriblement efficace. Le FCL s'appuie sur un dispositif à l'aspect ultra défensif (le 5-3-2)... mais qui permet en réalité à Christophe Pélissier d'accomplir ses ambitions offensives. Car si la ligne de cinq défenseurs et les trois milieux garantissent une énorme sécurité à l'équipe bretonne, cette disposition sert surtout de base pour lancer les attaques. Le FCL ne se contente pas de lancer les flèches Laurienté et Moffi dès la récupération du ballon. Il se distingue aussi par de belles sorties de balle, facilitées par la grosse densité de joueurs au cœur du jeu. Avec de multiples relais au milieu et sur la largeur (avec les latéraux-pistons), le jeu de transition de Lorient se met en place à la vitesse de l'éclair.
Ce projet de jeu, Christophe Pélissier le possédait déjà la saison dernière. Mais il manquait à Lorient un finisseur pour concrétiser ces occasions. Il se l'est trouvé en cours d'exercice avec Terem Moffi, auteur de 14 buts pour sa première saison dans un grand championnat. Et le Nigérian de 22 ans, qui est avant tout un mélange de puissance et de vitesse, ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Il en est déjà à 2 buts et 2 passes décisives en 6 matchs cette saison.
Christophe Pélissier, un entraîneur ambitieux qui tire les Merlus vers le haut
Et si le FC Lorient a réussi à maintenir sa dynamique de la saison dernière depuis la reprise, il le doit avant tout à Christophe Pélissier. A peine le maintien décroché in extremis, l'ancien entraîneur d'Amiens voyait déjà grand pour son équipe lors de cette saison, en tenant un discours ambitieux. "On peut avoir envie de jouer la première partie de tableau. C’est un objectif personnel. J’aimerais emmener Lorient le plus haut possible" , déclarait-il alors.
Et ce discours, malgré un effectif limité et même amoindri par rapport à la saison dernière (l'un des meilleurs joueurs Yoanne Wissa a filé en Premier League), semble avoir contaminé ses joueurs. Le milieu défensif Thomas Monconduit, qui n'avait marqué qu'un total de 3 buts lors des trois derniers exercices, en est déjà à deux pions cette saison et affiche un discours résolument offensif. "L’objectif, c’est de mettre des buts, qu’on gagne le plus de matches possible. Et si je dois marquer, je marquerai. On a le même nombre de points que l’année dernière à la trêve, après sept journées. Mais je veux qu’on continue à produire du jeu et les résultats viendront" , martelait l'ancien capitaine d'Amiens après la victoire contre Nice.
L'état de grâce peut-il se prolonger ?
Alors jusqu'où Lorient peut-il aller ? Pas plus loin qu'une dixième place de Ligue 1, a priori, tant l'effectif manque de profondeur et de qualité intrinsèque. Les Merlus ne sont pas assez armés pour rivaliser toute une saison lorsque la fatigue va commencer à se faire ressentir et que les remplaçants afficheront leurs limites au moment de suppléer des tauliers lessivés. Mais ce groupe lorientais a déjà montré la saison dernière qu'il savait soulever des montagnes et transcender ses lacunes grâce à un état d'esprit formidable et des intentions motivantes. Ce Lorient de Pélissier, qui s'est déclaré "ambitieux pour aller faire une performance à Lyon (samedi 25 septembre lors de la prochaine journée) n'a peut-être pas fini de nous surprendre...