Verratti et les grands rendez-vous

Depuis trop longtemps, Marco Verratti traîne l’étiquette d’un immense talent gâché en sélection. Toujours brillant, souvent sur le flanc, parfois moqué, le milieu de la Squadra Azzurra - trop loin de ses standards avec le PSG - savait que ses absences et son manque d’impact dans les grands rendez-vous étaient pointés du doigt. Dès lors, pour son premier tournoi international comme titulaire, l’ancien de Pescara avait des choses à prouver. À 29 ans, Verratti devait étaler aux yeux de l’Europe sa capacité à inverser le cours des matchs et à peser dans les résultats de l’Italie.

Mais, comme une malédiction, "petit hibou" s’est blessé avant le tournoi continental. Touché au genou, l’homme aux 346 matchs avec Paris avait dû tirer un trait sur la fin de saison parisienne. Et, forcément, les doutes quant à sa participation à l’Euro sont apparus. Les moqueries sur sa fragilité à l’heure des moments qui comptent ont refait surface. 5 ans après avoir manqué l’Euro français, trois ans après le crève-cœur de la non-qualification pour le mondial Russe, le sort s’acharnait encore sur lui. Mais Verratti a pu compter sur le soutien d'un homme. Celui de Roberto Mancini, sélectionneur d'une Italie en reconquête qui a convoqué son joueur. Tout en lui laissant le temps pour revenir et entrer dans le tournoi à son rythme.

Récupération, impatience et frustration

Sans brûler les étapes, Verratti s’est soigné, a laissé le temps faire son effet et s’est offert le luxe de bien récupérer après une saison harassante depuis le Final 8 en août dernier. Le milieu de poche n’a pas précipité son retour. Il a pris sur lui et composé avec l’impatience. Celle d’un homme de 28 ans qui ne comptait aucun match dans un Championnat d’Europe. Et avec la frustration de voir depuis les tribunes du stade olympique de Rome ses copains se régaler et charmer l’Europe toute entière au rythme de deux larges succès sur la Turquie et la Suisse (3-0).

De retour comme titulaire contre le Pays de Galles, dans une Nazionale qualifiée et totalement remaniée, Verratti a croqué dans ses 90 minutes de jeu. Et livré une prestation aboutie.

«Je suis heureux de pouvoir recommencer à faire ce que j’aime le plus, qui est de jouer au football. Et de le faire dans cette compétition qui est très importante pour nous. Représenter l’Italie est spécial et jouer à Rome était très agréable, je suis heureux.»

Marco Verratti sur SkyItalia

Verratti décisif contre le Pays de Galles et la Belgique

Joueur frisson du début de tournoi, Manuel Locatelli pensait lui avoir gagné sa place au côté de Jorginho et Nicolò Barella ? Face aux Dragons, Marco Verratti s’est chargé de soigner les maux de tête de Roberto Mancini. Après quelques touches de balle seulement, le numéro 6 mettait tout le monde d’accord. Et, en 35 minutes, il trouvait Matteo Pessina pour l’unique but de la rencontre. Une passe décisive pour ponctuer un match plein. Et rappeler à tout le monde le joueur qu’il est.

Après avoir franchi le mont autrichien sans briller - à l’image du collectif italien -, le Parisien aux 43 sélections a de nouveau fait des étincelles contre la Belgique. Face au leader du classement FIFA, Verratti a fait du Verratti. Le maestro de Pescara a joué de toutes ses qualités. Gratteur de ballons, provocateur de fautes, créateur de danger et distributeur de caviars. Sans oublier cette malice qui le caractérise si bien. Averti pour une faute sur Youri Tielemans, le numéro 6 italien a fait vivre un cauchemar au joueur de Leicester et à Axel Witsel bien aidé par l'imperturbable Jorginho et le bijou Barella. 

Contre l’Espagne, le plus grand match de sa carrière

Les statistiques du match du Parisien disent ainsi tout de son importance pour la Nazionale. Au-delà des 104 ballons touchés, 9 duels gagnés et 3 passes clés, il a surtout délivré une nouvelle passe décisive. Une "assist" pour Barella après une récupération haute pleine de hargne et de détermination. Remplacé à la 70e minute, le joueur est alors apparu lessivé pour son troisième match de reprise. Alors qu'il regagnait le banc, il exhortait ses coéquipiers à puiser dans les dernières ressources que lui n’avait plus au moment où la pression belge se faisait grandissante.

À 28 ans, Verratti dispute son premier Euro et rêve de remporter enfin un trophée avec sa sélection. Un titre qui donnerait alors une toute autre dimension à une carrière internationale longtemps trop éloignée du talent hors norme du joueur. Après avoir pris le temps de revenir, il cherche maintenant à rattraper le temps perdu. Un nouveau grand rendez-vous l’attend face à l’Espagne en demi-finale de l’Euro pour ce qui devrait être le match le plus important de sa carrière avant une éventuelle finale. Et désormais Verratti l’a prouvé, il sait répondre présent dans ces moments-là avec le maillot Azzurro.