Le Shakhtar de De Zerbi, à ses risques et périls
Avec le Shakhtar Donetsk, ça passe ou ça casse ! La saison dernière, en Ligue des champions, les Mineurs étaient capables du meilleur (deux victoires contre le Real Madrid) comme du pire (deux bérézinas 0-6 et 0-4 contre Mönchengladbach). Des montagnes russes au niveau des résultats qui découlent du jeu du Shakhtar, porté vers l'offensive en toutes circonstances.
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Et les choses ne vont pas s'arranger avec l'arrivée de Roberto De Zerbi sur le banc cet été. Le détonant ex-entraîneur de Sassuolo s'est fait connaître en Italie pour sa tactique risquée. Celle-ci est basée sur la multiplication de passes courtes et rapides depuis l'arrière et le positionnement osé de ses éléments offensifs. Une stratégie à double tranchant. Car avec De Zerbi, les sorties de balle sont souvent synonymes de but marqué (lorsque le pressing adverse est déjoué) ou encaissé (la défense étant terriblement exposée en cas de perte de balle).
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Comment Monaco peut court-circuiter "RDZ" et ses troupes
Et c'est bien là où Monaco peut court-circuiter les intentions de l'entraîneur italien. Alors que la plupart des équipes de gros calibre vont chercher à relever le défi en allant chercher très haut les soldats de De Zerbi, l'ASM sera plutôt du genre à éviter ce rapport de force. Et pour cause : son entraîneur Niko Kovač n'est pas un fan du déséquilibre. Le technicien germano-croate préfère que son équipe reste bien organisée. Avec son 4-4-2 devenu atypique, Monaco va souffrir d'une infériorité numérique face au 4-2-3-1 du Shakhtar. En demandant à ses milieux Tchouaméni et Fofana de venir presser haut, l'ASM laisserait des boulevards au n°10 adverse.
L'ASM aurait donc intérêt à prendre le Shakhtar à son propre jeu et le forcer à évoluer dans une schéma moins traditionnel. D'autant que contrairement à la majorité des équipes qui préfèrent attendre les Ukrainiens plus bas sur le terrain, Monaco bénéficie de sérieux atouts pour piquer en contre-attaque. Avoir deux attaquants techniques (Ben Yedder et Volland) lui permet de bien tenir le ballon à la récupération et d'initier des ripostes mordantes. Et en forçant les très offensifs latéraux adverses à évoluer haut, l'ASM pourra plus facilement les prendre dans leur dos.
Le Shakhtar version De Zerbi n'est pas encore à maturation
Mais c'est plutôt la dynamique des deux équipes qui n'incite pas à l'optimisme chez les suiveurs de Monaco. Le club du Rocher, en effet, patine en championnat (un match nul 1-1 contre Nantes et une défaite 0-1 face à Lorient). De l'autre côté, le Shakhtar fait saliver, avec son mélange d'un club habitué à la Ligue des champions (10 participations sur les 11 dernières éditions) et son gourou italien prêt à lui faire passer un nouveau cap dans la furia offensive.
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Mais il ne faut pas oublier que De Zerbi est arrivé en Ukraine il y a moins de 3 mois. Or, sa philosophie est si profuse et riche qu'elle a un nom propre pour la caractériser (le "de zerbismo"). Les joueurs ukrainiens n'ont donc pas encore eu le temps de s'adapter totalement à ses exigences. Ils sont encore naturellement en phase d'assimilation. Les Orange et Noir ont certes réussi leur début de saison (5 victoires en 6 matchs et un double succès probant contre Genk lors du 3e tour préliminaire de C1). Mais ils ont déjà chuté une fois en championnat (défaite 2-1 face à Oleksandriya) et ont encaissé quatre buts.
Monaco, prêt pour le gros test
Monaco, quant à lui, ne doit pas se formaliser sur ses contre-performances en Ligue 1. Avec un enjeu tel que celui de retrouver la Ligue des champions, les joueurs ont inconsciemment pris les rencontres contre Nantes et Lorient par-dessus la jambe. C'est bien la confrontation contre le Shakhtar qui peut faire basculer leur saison dans les cimes convoitées. Et les Asémistes ont déjà montré contre le Sparta Prague (2-0, 3-1) qu'ils avaient de la suite dans les idées. En difficulté contre les blocs bas, les Rouge et Blanc se révèlent beaucoup plus à l'aise contre des formations joueuses... dont le Shakhtar est un éminent représentant !
Monaco a d'ailleurs déjà prouvé la saison dernière qu'il savait se mettre au niveau quand l'opposition montait en gamme (deux victoires 3-2 et 2-0 contre le PSG). L'ASM peut aussi s'appuyer sur son précédent victorieux de 2016/2017, lorsque le club du Rocher avait franchi l'écueil des tours préliminaires (élimination de Fenerbahçe et Villarreal) pour se qualifier pour la Ligue des champions. En outre, Niko Kovač a déjà deux campagnes de Ligue des champions à son actif avec le Bayern, tandis que De Zerbi n'a jamais connu que le championnat et les coupes nationales. Pour Monaco, il est l'heure de renvoyer le savant fou italien à ses chères études...