Tout le monde était là, ou presque. Il était aux alentours de 15h ce lundi 28 octobre, lorsque le Real Madrid a pris la décision de ne pas se rendre à la 68ème cérémonie du Ballon d'Or, qui se tenait au Théâtre du Châtelet, à Paris. Une absence justifiée par la défaite surprise de son joueur Vinicius Jr, au profit de Rodri. Quelques jours après la claque reçue par le FC Barcelone au Santiago Bernabéu, c'est un nouveau revers pour celui que beaucoup considèrent comment le plus grand club du monde et qui a manqué, cependant, d'élégance pour ne pas dire de classe.

Le Real Madrid mauvais perdant

"J’ai été très surpris, désagréablement. Au dernier moment, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas si certains ont paniqué, certains ont voulu changer la règle du jeu. J’ai eu une grosse pression du Real Madrid, comme d’autres clubs. J’ai toujours été clair, toujours été réglo. Peut-être que le Real Madrid a interprété mon silence comme un aveu" a expliqué Vincent Garcia, rédacteur en chef de France Football, qui était l'un des rares à savoir le nom du Ballon d'Or 2024 avant l'annonce officielle. Conscient que le titre échappait à son poulain, Vinicius, le Real Madrid a pris la décision d'annuler sa présence au Théâtre du Châtelet. Pourtant, le Brésilien avait tout prévu, selon la presse espagnole. Une fête avec une vingtaine d'invités, entre autres.

Finalement, le Real a brillé par son absence. Et ce malgré deux titres individuels récoltés (Kylian Mbappé et Carlo Ancelotti), le titre d'équipe de la saison, et la présence dans le top 10 de cinq joueurs. Une réaction qui n'honore pas vraiment le club merengue, dont le message envoyé est catastrophique. Et si l'absence des Merengues était déjà dommageable, la réaction des protagonistes après la cérémonie.

Un manque de respect pour Rodri... et le football

Après avoir frôlé le ridicule sur sa pelouse contre le Barça, le Real Madrid a remis ça deux jours plus tard. Vinicius aurait effectivement mérité de soulever le Ballon d'Or à Paris. Mais Rodri n'est pas un lauréat par défaut. Et contrairement à ce que pensent certains, sa saison avec Manchester City et l'Espagne est colossale. Quatre titres, dont le championnat le plus relevé au monde et un Euro avec une équipe loin d'être favorite au début de la compétition. Deux équipes dont il n'est pas le finisseur, mais le cerveau. Avec l'Espagnol, Man City a notamment établi une série d'invincibilité de 74 rencontres jusqu'à la défaite en finale de la FA Cup face à Manchester United en fin de saison dernière. C'est dire son importance au sein de l'équipe de Pep Guardiola, qui doit se réinventer en l'absence du champion d'Europe, blessé toute la saison.

C'est un autre football qui est récompensé avec le sacre de Rodri. Une passe décisive à tous les milieux de terrain oubliés, à tous les travailleurs de l'ombre qui font briller les attaquants. Un football plus cérébral, plus altruiste, plus tourné vers collectif. Des notions qui se perdent actuellement, en témoigne l'égoïste réaction de Vinicius Jr après avoir terminé à la deuxième place. Le "je" avant le "jeu".

Des problèmes à venir au Real Madrid ?

Si les performances individuelles et collectives de Vinicius Jr ne sont pas à remettre en cause, au même titre que le "caractère décisif et impressionnant" de ses prestations, la notion de "classe" et "fair-play" est moins évidente quand on pense au Brésilien. Et ce lundi soir, à l'instar de son club, il l'a encore une fois montré. Venir à la cérémonie et féliciter le vainqueur aurait été tout à son honneur. Même si sa déception et sa frustration peuvent être compréhensibles, sa victimisation frôle l'indécence.

La chanson du complot manigancé par l'UEFA est difficilement audible. La dispersion des votes, elle, peut davantage s'entendre. Vinicius a été victime, comme Antoine Griezmann en 2018, de la présence de ses coéquipiers dans les premières places. Sa Copa América manquée peut aussi être un début d'explication à sa deuxième place. Et que diraient ses partenaires de cette crise d'ego ? Pourquoi Jude Bellingham, vainqueur de la C1 et finaliste de l'Euro, n'aurait-il pas pu remporter le Graal ? Pourquoi Dani Carvajal, "seulement" quatrième après avoir absolument tout gagné, ne pouvait-il pas opter au Ballon d'Or ?

L'Anglais et l'Espagnol, au même titre que Kylian Mbappé, n'ont montré aucun soutien à Vinicius sur les réseaux sociaux. Au contraire de Tchouaméni, Camavinga, Mendy, Valverde, Kroos ou encore Rodrygo... Coïncidence ? Une chose est sûre, Carlo Ancelotti va devoir trouver les mots et la formule pour que le vestiaire du Real ne soit pas impacté par une énorme guerre d'ego entre tous ces potentiels Ballon d'Or. Après l'humiliation lors du Clasico et ce nouveau revers, ce nouvel épisode pourrait bien mettre le feu au collectif merengue.